Les aventures musicales de deux potes

Les aventures musicales de deux potes

samedi 19 mai 2018

Beach House - 7 (2018)


  Le duo Beach House est, à raison, un des chouchous des amateurs de pop élégante. Au long d'une carrière parfaite jalonné d'albums impeccables, ils se sont imposés comme un des grands groupes de leur génération. Après une période prolifique (2 albums en 1 an suivi d'une compilation d'inédits), le duo s'est recentré et a cherché à sortir de sa zone de confort en allant chercher de nouveaux sons, de nouvelles méthodes d'écriture. Et pour cela, ils ont fait appel aux talents de producteur de l'ex-Spacemen3 Sonic Boom, ayant déjà fait des merveilles avec MGMT notamment. 

  Et la démarche du groupe s'entend. Alors qu'ils ont toujours eu un son assez dense, le disque possède une profondeur dans ses textures et ses reliefs encore inédite chez eux. Un côté propulsif nouveau, également, grâce à des rythmiques davantage mises en avant, comme sur l'introductif "Dark Spring", croisant leur dream pop à la new wave expérimentale façon Bowie, ainsi qu'au rock épique du Arcade Fire période The Suburbs. Comment ne pas fondre à l'écoute d'un titre aussi magistral que "Drunk In L.A.", avec son intro irréelle tant elle est belle. Ce morceau est un écrin parfait pour le chant de Victoria Legrand qui captive grâce à la pureté grave de sa voix et grâce à sa diction expressive, tandis qu'Alex Scally tresse des motifs de guitare inoubliables en fond.

Beach House - Dark Spring (Clip, 2018)

  Comme je le disais, le groupe qui se forçait à composer et produire des chansons pouvant être reproduites en live s'est davantage autorisé à expérimenter pour cet album, et sur des titres comme "L'Inconnue", au parfum inattendu de Françoise Hardy voire Charlotte Gainsbourg, cette volonté d'ailleurs fait mouche. Ce charme mystérieux, un peu européen, un peu américain, se retrouve sur "Last Ride", un peu Nico avec son piano triste, et sur "Dive", qui inscrit sa beauté pure dans le sillage des girls band 60's, du Velvet Underground, de Suicide et de Mazzy Star, et qui finit plus rock, quasi indus. Un petit côté psyché-folk aussi, façon Tame Impala ou Melody's Echo Chamber, qu'on retrouvera sur "Lose Your Smile" et ses guitares à la Ratatat

Beach House - Dive (2018)

  Leur principale force, c'est avant tout d'écrire des chansons aussi immortelles que "Pay No Mind", qui est aussi belle et essentielle que du Jesus & Mary Chain des deux premiers albums, ou "Lemon Glow" dont la production virtuose (ces synthés acides....) ne doit pas faire oublier le songwriting qui a tout du génial. Le psychédélisme doux et intriguant de ce titre se retrouve sur l'obsédant "Black Car", dont le mixage et le mastering sont marquants par leur utilisation assez inédite de l'espace et des volumes.

Beach House - Lemon Glow (2018)

Beach House - Black Car (2018)

  Entre pop gothique lumineuse et néo-80's, "Woo" émerveille par sa délicate simplicité et ses belles harmonies, tandis que le slow cosmique "Girl Of The Year" dévaste par sa puissance évocatrice proche de leur merveilleuse "Space Song" sur Depression Cherry (2015), avec une mélodie vocale d'une qualité quasiment jazz et d'énormes accords d'orgue invoquant le grandiose, épicés par une guitare déchirante, davantage dans le registre de l'intime. 

  Lorsqu'un des meilleurs groupes de la décennie voit grand et sort l'un des meilleurs (si ce n'est LE meilleur) album de sa discographie, ça donne forcément des étincelles, et c'est exactement ce qu'il s'est passé avec 7. Un monument de dream pop signé Victoria Legrand et Alex Scally, co-produit par Sonic Boom. Des chansons immortelles, une production éblouissante. Un paradis pop.

Ecouter sur Spotify ou Deezer ou Youtube

Alex

  

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