Les aventures musicales de deux potes

Les aventures musicales de deux potes

lundi 16 avril 2018

The Weeknd - My Dear Melancholy, (2018)


  Après le phénoménal Starboy (2016), enfilade invraisemblable de tubes pop immenses, reçu avec tiédeur par une critique pressée souvent incapable de digérer des albums aussi denses (même si il est vrai qu'on aurait pu se passer d'un morceau ou deux), le King de Toronto nous offre un EP plus sombre avec My Dear Melancholy,, dont la particularité typographique -la fin avec une virgule- laisse suggérer une suite imminente. La particularité de cet EP est qu'Abel Tesfaye, sorti d'une rupture douloureuse, semble avoir voulu réinterpréter son répertoire très pop récent à travers la brume sonore très dark de ses débuts indé (ce qui est illustré par la pochette assez marquante et iconique). Aidé en celà par le producteur Frank Dukes, crédité tout au long de l'album, il croise rnb à la Michael Jackson, dream pop gothique, pop électronique néo-80's, trap, soul et électronique. 

The Weeknd - Call Out My Name (Clip, 2018)

  Par exemple "Call Out My Name", sorte de valse soul à la Sam Cooke qui serait propulsée en 2018, semble être la suite directe, en beaucoup plus sombre, du single "Earned It" de Beauty Behind The Madness (2015), comme son négatif. Il est accompagné d'un très beau clip, et d'un mystérieux crédit de Nicolas Jaar à la production (apparemment un sample). "Try Me" pose un vernis noir sur la synthpop de titres du très inspiré par la New Wave Starboy comme "Reminder" ou "Die For You", aidé en cela par la production trap-pop tubesque de Mike WiLL Made-It, avec également un jeu sur les voix et le solo de "guitare (?)" sursaturé rappellant la grandiloquence géniale de Kanye West sur My Beautiful Dark Twisted Fantasy (2010). Un morceau qui s'insère sans problème au milieu des classiques de The Weeknd.

The Weeknd - Try Me (2018)

  Plus loin, "Wasted Time" confirme l'amour du canadien pour la 2-step anglaise, après sa collaboration sur Caracal (2015) de Disclosure et "Rockin" sur l'album précédent. Je serais d'ailleurs curieux de l'entendre sur une prod de Jamie xx (voire James Blake, puisque ça m'étonnerait que les Mount Kimbie acceptent) puisqu'on parle électro british. 

The Weeknd & Gesaffelstein - Wasted Times (2018)

  C'est ensuite l'électronique française qui est à l'honneur, avec les collaborations de Gesaffelstein sur deux morceaux ("I Was Never There" et son changement de beat diabolique, "Hurt You" et son potentiel tubesque), et Guy-Manuel De Homem Cristo (de Daft Punk) sur ce dernier. Ces deux artistes ayant participé à façonner le Yeezus (2013) de Kanye West, l'ombre de ce dernier plane encore sur ces compositions, ainsi que celle des collaborations fructueuses du duo casqué avec The Weeknd, qui se prolongent ici d'une belle façon.

The Weeknd & Gesaffelstein - I Was Never There (2018)

The Weeknd, Guy-Manuel de Homem Cristo & Gesaffelstein - Hurt You (2018)

The Weeknd - Privilege (2018)

  L'EP se finit de manière plus dépouillée, plus sentimentale mais toujours aussi sombre avec "Privilege", anti-ballade rnb impeccable de pureté et douloureuse à la fois. On sent d'une manière générale que Tesfaye porte de mieux en mieux sa trentaine approchante et que sa musique se densifie à mesure que ses textes se posent et gagnent en nuance. 

  Cet EP surprise est donc un sans fautes, prolongeant une série d'albums impressionnante et creusant le sillon du "son" The Weeknd, un son très personnel mais qui l'a pourtant porté au sommet des ventes tout en étant intransigeant avec lui même et sans concessions. Le format EP est d'ailleurs très adapté à cette petite collection de chansons solides, avec une forte homogénéité. Maintenant que Tesfaye a regardé dans le rétro et que la boucle est bouclée, on a hâte d'entendre l'hypothétique suite à ce projet.

Ecouter sur Spotify ou Deezer

Alex



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire