Les aventures musicales de deux potes

Les aventures musicales de deux potes

dimanche 29 avril 2018

Sofiane Saidi & Mazalda - El Ndjoum (2018)


  Accompagné du groupe lyonnais Mazalda, le chanteur de raï franco-algérien propulse sa musique dans un univers rétro-futuriste spatial entre électronique, synthétique et acoustique sur ce magnifique El Ndjoum

  Entre percussions traditionnelles, guitares enchanteresses, basses synthétiques rondes façon Sébastien Tellier, nappes de synthé et chant charismatique, on sent dès l'introduction "Wahdi Ana W Galbi" qu'on n'a pas affaire à n'importe quel album, mais qu'on s'apprête à entendre une oeuvre singulière. Le morceau-titre, "El Ndjoum", poursuit l'ambiance en durcissant le ton à coup d'électronique rythmée faisant entrer l'auditeur dans une transe immédiate, tel un Omar Souleyman psychédélique. Et puis les merveilles se poursuivent : d'abord "Yadra?", qui est carrément un dédale psychédélique d'une complexité inouïe, entre rock, jazz, musiques arabes, nous faisant perdre la tête et danser sur un rythme impossible. 

Sofiane Saidi & Mazalda - El Ndjoum (Clip, 2018)


  Puis "Bourkan", électro-funk tubesque, suivi de "La Classe Fi Las Vegas" qui poursuit dans la fusion eighties avec toujours ces basses synthétiques très rondes faisant penser à la production de Quincy Jones pour Michael Jackson et un côté décalé un peu Falco. On continue la lancée funky avec "Yamma" et ses touches de jazz légères, avant que "Gasbah Trinsiti" ne vienne calmer le jeu pour une transe tout aussi addictive mais moins exubérante, un poil plus dure et sombre.

  La très belle complainte jazz "Bab El Saida", suivi de l'émouvant maximalisme de l'insistante "Saida" clôturent avec beauté et élégance cet album absolument impeccable. Fusion de mille styles musicaux, le raï moderne de Sofiane Saidi et des talentueux Mazalda s'agglomère en un album étonnant et jouissif, richement composé et interprété avec un talent infini par des musiciens au sommet. Un très, très bon disque.

A écouter sur Deezer ou Spotify

Alex



vendredi 27 avril 2018

Jack Stauber - HiLo (2018)


  Jack Stauber est un jeune (22 ans) musicien américain basé à Pittsburgh. Indépendant, il est à la tête de deux groupes, Zaki et Joose, et mène en parallèle sa carrière solo, ce qui fait de lui une des figures de la musique de la ville : il a par exemple joué plus de 100 concerts rien qu'en 2017 au sein de la salle Basement Transmission dans la plus petite ville d'Erie qui fédère toute une scène locale bouillonnante. 

  Je suis tombé un peu au hasard sur lui, un commentaire sous un article du site musical Stereogum mentionnant l'obsession de son auteur pour un court extrait vidéo, sorte de fausse pub en dessin animé pour des bonbons à la menthe, accompagné d'une courte mais obsédante chanson chantée avec une certaine Lexy, j'ai nommé "Peppermint", que je vous laisse découvrir ci-dessous :

Jack Stauber & Lexy - Peppermint (2018)

  A mon tour obsédé par cet exercice de style pop-art post-vaporwave, façon The Who Sell Out version néo-80's/90's et par sa chanson catchy, j'ouvre la page d'accueil de sa chaîne youtube que je pensais d'abord dédiée à de brefs exercices du même style, provenant sûrement d'un étudiant en art plus doué que la moyenne (il y a de nombreux courts-métrages concis, de petits sketches en fait). Je découvre alors que Stauber est avant tout musicien, et j'entends le premier single de cet album nommé HiLo, la belle pop song "Dead Weigh", synth-pop gothique et joueuse à la fois, quelque part entre Ariel Pink et tout un tas d'autres trucs chouettes :

Jack Stauber - Dead Weight (2018)

  Cet album est déjà le 3e en solo de Stauber, mais celui-ci a depuis un peu renié le premier, arguant avoir trouvé son style sur le précédent, Pop Food (2017). Et le moins qu'on puisse dire, c'est que même si la comparaison avec le duo Ariel Pink / John Maus est inévitable tout au long du disque (cf les déglinguées et mémorables "Pad Thai" et "O.U.R."), Jack Stauber a un style très personnel, particulièrement intéressant. Ces influences se retrouvent mêlées à du Metronomy période Nights Out et un chouia d'acid house en fond sur "Cunk", qui vire indie-rock néo-80's puis chillwave et enfin IDM sur la fin. Ce qui est symptomatique de ses morceaux à tiroirs, qui partent dans tous les sens mais n'en font pas trop en même temps, à la manière de la pop zapping post-playlists de MGMT, Ariel Pink, Of Montreal ou Foxygen

  Des morceaux plus sombres comme le gothique "Coconut Ranger" peuvent évoquer le post-punk en général et en particulier The Cure, ou New Order ("Databend"), tandis qu'une certaine élégance dans le songwriting fera penser aux Beach Boys, un grain de folie d'une beauté pure à Syd Barrett ou un son de synthé bien trouvé à Homeshake. Sa folie douce et malicieuse évoquera aussi le trublion MacDemarco comme sur le rock indé jazzy de "Leopard" qui se permet une syncope 80's à la Devo ou XTC et un petit détour par la musique de cirque comme un clin d'oeil appuyé aux Beatles de Sgt Pepper. Ces derniers sont rappelés, ainsi que le spectre des Talking Heads, sur la géniale "Beird" (la rythmique aquatique est géniale même si R Kelly avait déjà eu l'idée). Mais si je convie toutes ces influences, ce n'est pas parce tant que sa musique soit si référencée que ça ou même passéiste, surtout pas. Elle est très moderne et personnelle, au contraire. Non, ces analogies sont surtout un moyen de décrire une musique très riche, libre et difficilement à ranger dans des cases trop étroites.  


  Il sait se faire également funky dans "John & Nancy" lointaine descendante de Chic au songwriting rappelant l'alchimie magique entre Nile Rodgers et David Bowie sur Let's Dance. Et puis émouvant comme sur l'intense et plutôt déchirant "It's Alright", chanson qui illustre à merveille la difficulté de réconforter ou le déchirant déni qui aide parfois à tenir. La fragilité de ce morceau, sa sensibilité insistante et son côté dramatiquement inévitable la rendent parfaite dans son genre. De même que la superbe "Small World", quasi folk indé, agrémentée quelques textures électroniques que n'auraient pas reniés les Animal Collective, et qui arrive également à percer nos petits coeurs sans effort. 

  Souvent, ces démarches s'entrecroisent et le goofy rencontre le funky comme sur "Gettin' My Mom On", entre Stevie Wonder et une comptine jouée sur un synthé cheap (on pense fort aux Blludd Relations là). Ou sur la pop chorale extatique de "Pizza Boy" entre glam rock façon Sparks, pop héroïque à la Arcade Fire et électronique pouet pouet. 


  L'album se termine sur un son de télévision qu'on éteint, qui clôt la boucle entamée avec "Peppermint", mettant ainsi fin à un des albums les plus inattendus et les plus jouissifs de cette années 2018. Entre collages, pop art, grandes chansons, émotion, fun et sons géniaux, Jack Stauber vient définitivement de se faire un nom dans la liste des défricheurs pop incontournables. 


Ecouter sur son Bandcamp, ou son Soundcloud, ou Spotify, ou Deezer


Alex


jeudi 26 avril 2018

Bohemian Supermarket - Greatest Hits EP (2018)


  Les Bohemian Supermarket sont un groupe de rock français (auvergnat pour être plus précis, et vichyssois pour faire du zèle), à tendances stoner et hard-blues. Actif depuis un peu moins d'une décennie, ils viennent de sortir cet EP, intitulé avec malice Greatest Hits. Le groupe est composé de Jessy Chancerel au chant, à la guitare et derrière les manettes (enregistrement, mixage), d'Alain Chamorro à la basse et aux choeurs et de Frédéric Garcia à la batterie et aux choeurs. 

  La force de ce groupe, ce sont ses riffs et ses refrains mémorables, que l'on retient vite et que l'on s'imagine très bien pouvoir beugler dans un pub, où leur son rock très chaud sans tomber dans le vintage d'épanouirait à merveille, dans une ambiance entre pub-rock, Motörhead et AC/DC. Par exemple, "More Than Beer" oscille agréablement entre le stoner (on pense presque à Black Sabbath dans l'ambiance plombée), le hard-blues et le hard rock tout court avec un superbe solo. Et ce qui donne tout son relief au morceau, c'est ce côté rock du désert, avec un son de guitare incroyable, intensifié par un clavier bien senti en fin de morceau. Cette syncope blues est présente également dans le plus 90's "Blind Twisted Man", entre Canned Heat grunge, et Rage Against The Machine, ainsi que la très Queens Of The Stone Age "My Girlfriend", agréablement plombée et propice aux headbangs. 

Bohemian Supermarket - More Than Beer (Clip, 2018)

  On pense également au groupe de Josh Homme sur l'impeccable "Too Short Too Late", avec ce côté classic rock brutal jouissif, façon The Lords Of Altamont, rendant un hommage indirect à des groupes comme Deep Purple, Steppenwolf, Iggy Pop ou les MC5. Sur "Baby", on a presque un rythme funky derrière l'épaisseur d'un riff mordant et d'une batterie surpuissante. Et encore une fois, un court mais mémorable solo de guitare. Deux excellents morceaux.

  Bref, un court mais intense EP, radicalement rock, et très personnel. C'est un peu le meilleur des deux mondes, le groupe étant en indé, ils sont authentiques, ont une identité assez forte et ne se compromettent pas, mais en même temps le projet est très bien joué et produit. A écouter d'urgence !


Alex


mardi 24 avril 2018

Egyptology - Sur les autres mondes (2018)

  Le duo français Egyptology avait marqué nos jeunes cervelles en 2012 avec un premier album impeccable, The Skies, impeccable fresque d'une pop électronique de science-fiction, nourrie de claviers 70's et 80's, avec un son froid et mystérieux évoquant les grands espaces d'un monde dystopique rétro-futuriste à la Stargate. Autant dire qu'Etienne et moi attendions sa suite depuis un moment, et voilà que 6 ans plus tard débarque le cosmique Sur les autres mondes dont on va parler aujourd'hui.

 Le son qui ouvre "Wunder der Schöpfung" ("merveille du monde" ou "merveille de la création"), et donc l'album est un bruit aquatique régulier, comme une goutte qui tombe, bientôt rejoint par un son de sonar façon "Echoes", d'ailleurs ce début de morceau sonne comme du Pink Floyd produit par Kratwerk. Puis les nappes de claviers arrivent, ainsi que le beat germanique, avec de bonnes idées qui éloignent le morceau d'un simple revival de kösmische musik façon Tangerine Dream comme ces claviers rythmiques joués comme des cordes pincées et ces idées piochées dans tous les sens (new wave, Vangelis, techno, acid house, vieille électronique française, BO de jeux vidéos en 8-bit...). Le morceau est une douce épopée électro-prog de presque 12 minutes d'un anachronisme charmant. 


  Sur "Passage d'eau (Sinfonia)", le groupe utilise de façon acide des sonorités antiques de synthé rappelant Wendy Carlos, pour un rendu technoïde inquiétant, quelque part entre la BO d'un film d'horreur électronique (pensez Alien) façon musique contemporaine (pensez Get Out) et "Stress" de Justice, niveau ambiance. Là encore, le morceau s'étire sur une durée remarquable (plus de 9 minutes), et se poursuit par le court morceau "A Remarkable Dream", qui excelle dans un style néo-80's nostalgique et glorieux à la fois. 

  L'album se finit par un morceau de bravoure de quasi 20 minutes "Fussadbrücke auf dem Mond" ("empreinte de la lune"), qui résume bien le propos spatial, dystopique de cet album de science fiction. On ressent l'étrangeté fascinante et malsaine de la découverte spatiale de films comme Alien : Covenant, dans lesquels l'espace et les nouveaux mondes passent du rêve au cauchemar, du paradis terrestre à l'enfer voire au tombeau à cause du mal total qui y réside (souvent biologique) et de celui que les humains ont apporté avec eux (ignorance, arrogance, cupidité, désirs de toute-puissance...). En tous cas le morceau est fascinant, tout comme le reste de l'album.



  Ça n'est pas tous les jours en ce moments qu'un gros album de pop électronique progressive de cette ampleur sort, et encore mois qu'un album de ce style soit aussi réussi, avec une intention radicale puisque très personnelle et pourtant un rendu assez accessible. Une très belle oeuvre.

Ecouter sur Deezer ou Spotify


Alex


dimanche 22 avril 2018

The Shacks - Haze (2018)


  Un brouillard pop vous enveloppe le crâne. La bien nommée "Haze" ouvre de façon cotonneuse et rêveuse l'album du même nom des surdoués The Shacks, auteurs l'an dernier d'un EP merveilleusement irréel auquel ce premier album fait plus que dignement écho. Un phrasé quasi jazzy, une musique subtile entre folk, jazz, pop psyché et nursery rhymes façon Syd Barrett. De quoi apaiser un cervelet en moins de 3 minutes chrono. A peine le temps de le préparer pour la tranquillement tubesque "Follow Me", hymne néo-psyché post-trip-hop, comme si Melody's Echo Chamber avait ralentit le rythme de façon dangereusement langoureuse, abattue par la chaleur d'un soleil de plomb ou par d'addictives volutes de fumée. Ou les deux. Dans tous les cas, le diptyque d'ouverture est absolument colossal, deux chansons de cette trempe à la suite c'est un petit miracle. En grande partie dû au charisme écrasant de la chanteuse qui pourtant est loin d'en faire des caisses. En grande partie grâce à l'immense justesse d'interprétation d'un groupe impeccable.

The Shacks - Follow Me (Clip, 2018)

  Et la suite est à l'avenant. Le néo-60's "Birds", écrit et joué avec finesse et envie, et surtout la classe des classiques instantanés qui s'ignorent, se bat avec l'enchanteur et enfantin (dans le meilleur sens du terme) "Sand Song", le single doucement électronique et sûrement mystérieux et lubrique "Texas", ou l'enveloppant "Cryin'" pour le titre de meilleur morceau de cette première partie. Sans réel gagnant puisque le meilleur morceau est celui qu'on a sous les oreilles sur le moment, tant ils sont tous à tomber.

The Shacks - Birds (Audio, 2018)

  Plus loin, l'écoute de "All Day Long" fait mal tellement le morceau est beau et languide. La composition est de première facture, l'interprétation semble couler naturellement et les arrangements sont fins et recherchés. De même qu'une autre chanson que j'adore, "My Name Is", qui évoque aussi bien l'écrasement subit par un type à côté d'une piscine en plein soleil, au milieu de l'été, que l'album Happy Soup de Baxter Dury, pourtant peu avare en sensualité balnéaire. Peu importe la chanson, il y aura toujours un combo mélodie-chant-parole-arrangement qui vous collera au fond du tympan et ne le quittera plus. La facilité avec laquelle ces chansons intemporelles se déroulent et s'enchaînent n'égale que la facilité avec laquelle elles vous rentrent dans le cerveau pour ne plus le quitter, ce dont vous vous rendrez compte dès la 2 ou 3e écoute du disque. 

  Une influence soul parcourt également un nombre important de titres ; elle est d'ailleurs particulièrement prégnante sur le doux "Sleeping". Ce dernier entame de la meilleure des façons une fin de disque exemplaire et plus expérimentale, poursuivie par la comptine rock 60's "So Good" et ses atours beatlesques (cf "For The Benefit Og Mr Kite", d'ailleurs on peut dire la même chose de la countrysante "Blue & Grey"), la très psyché "Nobody, Nobody", et ses éclats de fuzz, et le final "Let Your Love", apaisante comme une bossa et bien écrite comme un classique folk.

The Shacks - Blue & Grey (Audio, 2018)

  Cet album est une merveille totale, un album pop délicat et fragile en apparence, en réalité plus que solide dans sa conception, de la composition à l'interprétation en passant par une mise en son et des arrangements toujours impeccables de justesse. Un grand disque de Pop intemporel et salutaire.

A écouter sur Spotify ou Deezer ou leur Bandcamp

Alex


vendredi 20 avril 2018

Kali Uchis - Isolation (2018)


  La nouvelle reine de la pop et du rnb, ça devrait être elle. Kali Uchis, artiste américano-colombienne, chanteuse, productrice, multi-instrumentiste (piano, saxophone...) est déborde tellement de talent que ça l'a menée à travailler avec les plus grands (Snoop Dogg, Tyler The Creator, Daniel Caesar, BADBADNOTGOOD, Kaytranada, ou Gorillaz). Dans un genre souvent cloisonné au son du moment pour son versant mainstream, elle injecte ses influences diverses, nord-américaines (jazz, soul, doo-wop, rock sixties, girls group, hip-hop...) et sud-américaines (reggaeton, bossa nova...). Et là encore, des grands noms sont venus co-produire son disque, attirés par son talent : DJ Dahi et Sounwave (collaborateurs de Kendrick Lamar notamment), Om'Mas Keith (qui a co-écrit avec Frank Ocean),Thundercat, et bien d'autres dont nous allons parler en partie ci-dessous (la liste complète de ses collaborateurs est dispo ici pour les curieux). 

  D'ailleurs, l'album commence par une bossa revisitée avec la somptueuse "Body Language". Une merveille de chanson. Poursuivie par une fusion entre pop-rock 70's et rythmiques trap sur "Miami" sur laquelle elle chante et rappe. Le mélange des genres se fait parfois à l'aide de prestigieux invités comme le définitivement génial guitariste et producteur Steve Lacy qui renouvelle la soul moderne et passionne dans tous ses projets (en solo, avec The Internet ou à la production du dernier EP de Ravyn Lenae), et dont l'apport sur "Just A Stranger" est décisif et propulse le morceau au rang de classique instantané. D'ailleurs ce titre, funky à souhait, interprété avec fougue et intelligence, devrait être un tube énorme dans le meilleur des mondes. 


Kali Uchis & Jorja Smith - Tyrant (Clip, 2018)

  Ce funk moderne informe également le frais et sautillant "Your Teeth In My Neck", dont la prod rappelle une fois de plus l'influence décisive des Neptunes et de Timbaland sur la Pop. L'ombre bienveillante de l'ex-protégée de ce dernier, la très intéressante Nelly Furtado, plane également sur quelques titres, elle qui avait été assez pionnière dans l'incorporation de sonorités latines dans sa pop résolument moderne, teintée d'électronique et de hip-hop (comme ici sur "Tyrant" avec la très douée Jorja Smith ou sur le reggaeton "Nuestro Planeta" en espagnol avec Reykon). Mais c'est à une autre figure du genre à laquelle l'on pense régulièrement à l'écoute de ce disque. En effet, le doo-wop qui infuse la structure de "Flight 22", "Killer" et "Feel Like A Fool", avec ce petit côté girls band 60's et ce parfum de Motown, permettent un parallèle flatteur avec le goûts sûr et la finesse d'interprétation d'Amy Winehouse. Et c'est un autre maître de la fusion entre les genres, Damon Albarn, qui collabore avec Kali Uchis sur "In My Dreams", géniale pop song  post-New Order rappelant la fin des 70's et le début des 80's, lorsque l'électronique, la house, la new wave et le post-punk n'étaient pas encore clairement délimités. 


Kali Uchis, Tyler The Creator & Bootsy Collins - After The Storm (Clip, 2018)

  Mais revenons à l'aspect funk, qui est probablement le liant de cet album, puisqu'on l'entend sur sa forme électrofunk/house sur "Dead To Me", sous sa forme cosmique néo-P-Funk sur la fin du disque : "Gotta Get Up - Interlude", "Tomorrow" coécrite avec Kevin Parker de Tame Impala, "Coming Home - Interlude", et l'immense tube "After The Storm" avec les géniaux Bootsy Collins (très en forme) et Tyler, The Creator (qui livre un couplet d'anthologie) plus BADBADNOTGOOD à la prod. D'ailleurs, cet enchaînement de morceaux (vous aurez noté le mot "interlude" repris deux fois) est particulièrement bien construit, à l'image d'un album extrêmement bien séquencé et ce malgré la diversité des styles abordés. 

  Vous savez tout maintenant : ce disque, c'est une petite pépite pop éclectique, bouillonnante de vie, de talent et d'envie, arrangé et produit avec soin, composé avec finesse et interprété par une femme qui s'impose comme une auteure Pop avec laquelle il faudra compter à l'avenir.     

Ecouter sur Spotify ou Deezer

Alex


mercredi 18 avril 2018

Sons Of Kemet - Your Queen Is A Reptile (2018)


  Les Sons Of Kemet sont un quartet de jazz britannique formé autour du saxophoniste virtuose Shabaka Hutchings que nous suivons avec intérêt sur ce blog. Quartet peu commun dans sa formation puisque deux autres membres jouent de la batterie et le dernier du tuba. Les morceaux de cet album, leur troisième sous ce nom, commencent tous par "My Queen Is.." suivi d'un nom d'une des 9 femmes fortes, sortes de modèles du groupe auxquelles il a ainsi rendu hommage. Hommage qui donne le titre de cet album un brin provocateur, qui renvoie ces portraits à la face de l'auditeur en le questionnant sur ses propres modèles. Musicalement, on oscille entre un jazz plus posé, quelques digressions free, et la musique caribéenne (soca, calypso...), avec notamment une grande influence des fanfares de la Nouvelle-Orléans ou d'Haïti, influences dues à la jeunesse d'Hutchings à la Barbade. Le meilleur exemple de ça, c'est "My Queen Is Harriet Tubman", morceau absolument irrésistible de groove, qui invite à la danse avec sa mélodie insolente. Tout aussi facétieuse, et plus incisive, "My Queen Is Angela Davis" rend un hommage de circonstance à cette figure des droits civiques.

 Le résultat est toujours très rythmé, souvent mélodique, et donc plutôt accessible même si vous n'êtes pas un grand connaisseur de jazz. Pour les allergiques à l'instrumental pur, les voix sur "My Queen Is Ada Eastman" font d'ailleurs via ce côté caribéen quasi reggae/ska/dub un pont involontaire avec la gouaille jamaïcaine et british de The Specials. Ce côté dub est également apprécié sur "My Queen Is Mamie Phipps Clarks" ou "My Queen Is Nanny Of The Maroons". "My Queen Is Anna Julia Cooper" est entre deux eaux, plus apaisée mais en surface seulement tant on sent que la tension peut poindre à n'importe quel moment au long de ce morceau quasi synthpop/house dans sa construction qui illustre à merveille le renouveau du jazz de clubs british, tout comme le dernier EP de notre chouchoute Nubya GarciaEnfin, c'est une influence africaine qui nourrit "My Queen Is Albertina Sisilu", morceau qui possède une mélodie irrésistible qui pousse n'importe quel être humain normalement constitué à taper frénétiquement du pied. 

  Un petit côté 60's-70's et un soupçon de jazz-rock traversent "My Queen Is Yaa Asantewaa", avec de bonnes idées de production et d'interprétation (la batterie lo-fi un peu distante donnant un côté vintage au tout, le tuba joué comme une basse funk-rock). "My Queen Is Doreen Lawrence" insiste sur ce côté plus rock, plus agressif, avec une musique implacable et martelée qui clôt l'album avec panache, et un chant revendicatif. 

  L'album est une merveille de jazz, et c'est également un vrai miracle qui peut convaincre même un non amateur de jazz grâce à un sens mélodique aigu, une fièvre du groove sans limite et une oreille sûre pour les gimmicks accrocheurs. Tout en conservant une radicalité jazz et un minimalisme intègre. Je me répète : c'est un chef-d'oeuvre du genre et un des meilleurs disques de l'année.

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Alex



lundi 16 avril 2018

The Weeknd - My Dear Melancholy, (2018)


  Après le phénoménal Starboy (2016), enfilade invraisemblable de tubes pop immenses, reçu avec tiédeur par une critique pressée souvent incapable de digérer des albums aussi denses (même si il est vrai qu'on aurait pu se passer d'un morceau ou deux), le King de Toronto nous offre un EP plus sombre avec My Dear Melancholy,, dont la particularité typographique -la fin avec une virgule- laisse suggérer une suite imminente. La particularité de cet EP est qu'Abel Tesfaye, sorti d'une rupture douloureuse, semble avoir voulu réinterpréter son répertoire très pop récent à travers la brume sonore très dark de ses débuts indé (ce qui est illustré par la pochette assez marquante et iconique). Aidé en celà par le producteur Frank Dukes, crédité tout au long de l'album, il croise rnb à la Michael Jackson, dream pop gothique, pop électronique néo-80's, trap, soul et électronique. 

The Weeknd - Call Out My Name (Clip, 2018)

  Par exemple "Call Out My Name", sorte de valse soul à la Sam Cooke qui serait propulsée en 2018, semble être la suite directe, en beaucoup plus sombre, du single "Earned It" de Beauty Behind The Madness (2015), comme son négatif. Il est accompagné d'un très beau clip, et d'un mystérieux crédit de Nicolas Jaar à la production (apparemment un sample). "Try Me" pose un vernis noir sur la synthpop de titres du très inspiré par la New Wave Starboy comme "Reminder" ou "Die For You", aidé en cela par la production trap-pop tubesque de Mike WiLL Made-It, avec également un jeu sur les voix et le solo de "guitare (?)" sursaturé rappellant la grandiloquence géniale de Kanye West sur My Beautiful Dark Twisted Fantasy (2010). Un morceau qui s'insère sans problème au milieu des classiques de The Weeknd.

The Weeknd - Try Me (2018)

  Plus loin, "Wasted Time" confirme l'amour du canadien pour la 2-step anglaise, après sa collaboration sur Caracal (2015) de Disclosure et "Rockin" sur l'album précédent. Je serais d'ailleurs curieux de l'entendre sur une prod de Jamie xx (voire James Blake, puisque ça m'étonnerait que les Mount Kimbie acceptent) puisqu'on parle électro british. 

The Weeknd & Gesaffelstein - Wasted Times (2018)

  C'est ensuite l'électronique française qui est à l'honneur, avec les collaborations de Gesaffelstein sur deux morceaux ("I Was Never There" et son changement de beat diabolique, "Hurt You" et son potentiel tubesque), et Guy-Manuel De Homem Cristo (de Daft Punk) sur ce dernier. Ces deux artistes ayant participé à façonner le Yeezus (2013) de Kanye West, l'ombre de ce dernier plane encore sur ces compositions, ainsi que celle des collaborations fructueuses du duo casqué avec The Weeknd, qui se prolongent ici d'une belle façon.

The Weeknd & Gesaffelstein - I Was Never There (2018)

The Weeknd, Guy-Manuel de Homem Cristo & Gesaffelstein - Hurt You (2018)

The Weeknd - Privilege (2018)

  L'EP se finit de manière plus dépouillée, plus sentimentale mais toujours aussi sombre avec "Privilege", anti-ballade rnb impeccable de pureté et douloureuse à la fois. On sent d'une manière générale que Tesfaye porte de mieux en mieux sa trentaine approchante et que sa musique se densifie à mesure que ses textes se posent et gagnent en nuance. 

  Cet EP surprise est donc un sans fautes, prolongeant une série d'albums impressionnante et creusant le sillon du "son" The Weeknd, un son très personnel mais qui l'a pourtant porté au sommet des ventes tout en étant intransigeant avec lui même et sans concessions. Le format EP est d'ailleurs très adapté à cette petite collection de chansons solides, avec une forte homogénéité. Maintenant que Tesfaye a regardé dans le rétro et que la boucle est bouclée, on a hâte d'entendre l'hypothétique suite à ce projet.

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Alex



samedi 14 avril 2018

Live Report : Rejjie Snow (+ Lewis Ofman, Wiki) - Stereolux Nantes 09/04/18


  C'est un gros concert auquel nous avons assisté avec Etienne. Déjà, parce que c'était notre premier concert hip-hop, ensuite parce que ce n'était pas n'importe qui : le génial Rejjie Snow, auteur d'un des albums les plus intéressants de cette années 2018, Dear Annie. Et puis parce que les deux premières parties étaient énormes, on attendait en effet presque autant Lewis Ofman, producteur français ayant bossé sur une grosse partie de Dear Annie, et auteur d'un de nos EPs préférés de la décennie, et avec lequel nous avons pu avoir un long, riche et très fun entretien, que le rappeur. Et le New-Yorkais Patrick Morales, alias Wiki, très intéressant sur disque, s'est révélé être un showman extraordinaire. Deux grosses premières parties, un rappeur au top de son art, dans notre salle nantaise préférée, que demander de plus ?

Lewis Ofman - Live à Stéréolux, Nantes, 9/4/18

  Le concert a donc démarré par le set de Lewis Ofman, entre French Touch et musique de films italiens des années 70 comme à son habitude. Entre soli de claviers époustouflants par leur sens du groove (il arrive à faire sonner un clavier comme une guitare funk, c'est assez bluffant), chant fragile et beats bien construits, c'était un coup de maître. Même si on a entendu un bon petit paquet de chanson, dont "Le Métro & Le Bus", "Plein De Bisous", "Kythira", et "Flash" pour un final grandiose, on se dit qu'un concert entier de sa part serait vraiment énorme. 

Lewis Ofman (& Milena Leblanc) - Live à Stéréolux, Nantes, 9/4/18

  D'autant plus qu'on a l'impression d'assister à l'éclosion d'un véritable auteur pop. En chantant ou sur un mode instrumental, en solo ou avec sa copine, l'artiste Milena Leblanc au chant, tout transpire une vraie personnalité, dans les suites d'accords comme dans les sons de synthés soigneusement designés. Autant à l'aise en studio que sur scène et bon instrumentiste, on parle de quelqu'un qui pourrait avoir une oeuvre à la Sébastien Tellier dans quelques années. On attend de voir ça avec joie, et en attendant on a vraiment plus que kiffé sa première partie.    

Wiki - Live à Stéréolux, Nantes, 9/4/18

  Le show du rappeur new-yorkais Wiki était également à la hauteur. Très théâtral, se donnant à fond, il a mis le feu à un public réceptif, alternant entre gros bangers bien efficace et finesse avec maestria. 

Wiki - Live à Stéréolux, Nantes, 9/4/18

  Grâce aussi à son DJ aussi looké que compétent, il nous a fait danser, sauter et crier partout tout au long de son set varié, riche en morceaux et débordant d'énergie. Une excellente surprise. 

Rejjie Snow - Live à Stéréolux, Nantes, 9/4/18

  La grosse partie du concert, c'était bien évidemment Rejjie Snow, pour un show dantesque au cours duquel il a balayé quasiment toute sa carrière, avec au premier plan Dear Annie, devant un public jeune, conquis d'avance, connaissant la plupart des lyrics et prompt à sauter partout. 

Rejjie Snow - Live à Stéréolux, Nantes, 9/4/18

    Seul sur scène avec son DJ la plupart du temps, parfois accompagné par un collègue rappeur ou par Milena Leblanc au chant, il a assuré un show dense et impeccable. Bon le DJ était pas exceptionnel, la reverb et le crossfade systématique à chaque fin de morceau ainsi que les "hand up!!!" toutes les 30 secondes c'est un peu répétitif, mais la qualité initiale des morceaux et le talent de Rejjie compensaient largement. 

Rejjie Snow & Milena Leblanc - Live à Stéréolux, Nantes, 9/4/18

  Bien placés, on a vraiment pu apprécier un artiste qui lui aussi s'impose comme un auteur intéressant, et qui sait faire siens des styles très éloignés et les fusionner en quelque chose de neuf et d'intéressant, un peu à la manière de Tyler, The Creator ou de Damon Albarn, entre gros bangers rap, hip-hop old school ou à la pointe des prods les plus modernes, électronique, pop, soul, gospel, rnb, disco, funk... On est ressortis de là lessivés par un concert d'anthologie, d'une énergie folle (big up aux bons danseurs qui ont mis le feu au public et ont fini par monter sur scène), fatigués mais heureux. C'était bien putain.


Alex




lundi 9 avril 2018

The Voidz - Virtue (2018)


  Le contexte, vous le connaissez sûrement, surtout si vous avez eu l'âge d'écouter les Strokes au collège-lycée comme moi, ou à la fac. Julian Casablancas est - ils sont officiellement toujours en activité - le chanteur et leader de ce groupe de rock devenu instantanément mythique en 2001. Mais avec le temps, et suite à un gros hiatus et plusieurs crises au sein du groupe, les sorties des Strokes se sont espacées dans le temps, et chacun des membres a pu développer sa discographie solo. Pour Casablancas, ce fut d'abord un excellent album d'électro-pop à tendance rock, Phrazes For The Young (2009), puis fonde un deuxième groupe : The Voidz, qui nous intéresse ici, et avec lequel il a déjà sorti le très bon Tyranny (2014), qui marque un renouveau dans la musique du bonhomme avec davantage d'expérimentations et de fun que dans les derniers Strokes (même si ces derniers ont été un peu injustement descendus, moi-même j'ai été longtemps sceptique à leur propos).

  On sent Julian à l'aise avec ce nouveau groupe formé de requins de studios venus de plein de genres différents, de l'électro au punk, et très portés sur le digging d'obscurs pans de la musique, à la recherche de sons nouveaux provenant de décennies et de continents oubliés. Après avoir pu expérimenter en studio et jouer en live avec eux, un déclic a eu lieu et on entend une certaine magie supplémentaire à l'écoute de ce disque (alors que, je le rappelle, le précédent était déjà formidable). Cet album, c'est un peu le meilleur de Casablancas, condensé et nourri de milles influences captivantes, avec en plus un fond politique (au sens large) intéressant et un sens du fun clairement à l'honneur : on entend que le disque a été fait avec beaucoup de plaisir.

The Voidz - Leave It In My Dreams (2018)

  Pour illustrer tout ça, le premier single issu de cet album, "Leave It In My Dreams", placé judicieusement en piste 1, rappelle le meilleur des débuts des Strokes par son écriture pop-rock impeccable, ainsi que le meilleur de leur deuxième partie de discographie, avec ce son impeccable et ce petit côté funk-rock post-Phoenix. Au passage, c'est amusant d'entendre comme ces deux groupes se sont entre-influencés au cours des années 2000, mais ça pourrait faire l'objet d'un autre article incluant également les Daft Punk dont la collaboration avec Julian sur "Instant Crush" a laissé des traces déshinibantes chez ce dernier. Mais en plus de ça, on entend des parties de guitare venant tout droit de l'afro-pop, d'autres venant du punk voire du post-punk déglingué, et des textures sonores riches proches d'un rock indé n'ayant pas peur du synthétique, comme chez Mac Demarco. D'ailleurs, l'irrésistible single "Wink" est assez proche de la démarche de ce dernier. 

The Voidz - QYURRYUS (Clip, 2018)

  Le meilleur exemple de cette richesse et de cette ouverture incroyables reste  le mélange barré de krautrock, de synthpop, de punk, de rock berbère autotuné et surtout de funk turc composant "QYURRYUS", dont on a déjà parlé ici (et qu'on a même nommé clip du mois de janvier). L'autre grosse réussite du genre est "ALieNNatioN", entre électronique, funk à la Sly Stone, (glam) rock (psyché), (synth)pop, hip-hop, rnb, envolées lyriques et couplets plombés, son lourd et étincelles de légèreté, une vraie leçon de pop, pleine d'amour pour la Pop la plus inventive et accessible à la fois. Une merveille. Autre grosse expérimentation, "My Friend The Walls" rappelle furieusement l'influence que les épopées sonores de Radiohead et Queen ont pu avoir sur Casablancas, et qu'on pouvait entendre notamment sur le dantesque "Human Sadness" sur le précédent album. On pourrait dire la même chose de la belle et triste ballade synthétique clôturant l'album, "Pointlessness"

The Voidz - ALieNNatioN (2018)

  Au rayon pop, "Permanent High School" rappelle le premier solo de Casablancas avec son croisement tubesque de synthpop et de rock, mélodique, en apparence facile mais prenant et très bien construit. Tandis que "All Wordz Are Made Up" mixe refrain de tube synth-rock FM 80's, vocoders à la Laurie Anderson, et prod bouncy proche du travail de The Neptunes (Chad Hugo & Pharrell Williams) qui a fait danser de façon intelligente les années 2000. "Pink Ocean" sonne comme un slow disco quasi rnb, mais version psyché et saturé, et est vraiment un excellentissime morceau. "Lazy Boy" mixe de façon habile et futée Daft Punk, DeMarco, art-rock et Strokes récents. 

The Voidz - All Wordz Are Made Up (Clip, 2018)

  Plus loin, c'est un hard rock sombre et déviant à la Black Sabbath qui est perverti par des influences rock (Queens Of The Stone Age, Queen, Ratatat), glam, punk, post-punk et électroniques (quasi dub au sens anglais du terme) sur "Pyramid Of Bones". On pense à The Fall sur le post-punk déglingos, saturé, distordu et partiellement atonal de "One Of The Ones", sympathique mais moins indispensable. Le rock indé lo-fi imbibé de folk de "Think Before You Drink" est un peu sauvé par sa montée finale intense, tandis que le punk hardcore de l'espace de "Black Hole" et celui plus psychotique de "We're Where We Were" sont sauvés par leur folie et leurs rythmiques folles. 

The Voidz - Pyramid Of Bones (Clip, 2018)

  C'est donc un superbe album que nous livrent les Voidz, avec très peu de points faibles malgré un nombre de morceaux conséquent et un son dense, un vrai petit chef-d'oeuvre qui arrive à innover en faisant de la pop et du rock sans se dénaturer ou perdre en efficacité (ce qui est un exploit en soi), avec un juste dosage entre tubes obliques et expérimentations obscures. On a la double impression un peu paradoxale que chacune des chansons provient d'un groupe différent (comme le suggèrent les visuels de chaque single), mais que l'album est cohérent, et rien que ça en dit beaucoup sur le talent du groupe. A coup sûr un des albums de l'année, et une superbe surprise qu'on attendait pas à ce niveau avant d'entendre les singles ravageurs. Au point que j'attendrais désormais chaque sortie de ce groupe avec ferveur.

A écouter sur Spotify ou Deezer ou Youtube


Si vous en voulez encore :

Alex




mercredi 4 avril 2018

Le Bilan du Mois : Mars 2018


LE BILAN DU MOIS : MARS 2018

  Pour ce petit bilan du riche mois de Mars 2018, je vous propose quelques très bons albums et EPs, quelques chansons qui valent vraiment l'écoute, et j'espère pouvoir vous faire découvrir quelques œuvres qui sauront vous toucher au passage.
Bonne lecture !

L'ALBUM DU MOIS


Haley Heynderickx - I Need To Start A Garden
USA
Folk, Pop, Rock Indé
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  Un album magnifique, le disque le plus poignant que j'aie entendu depuis très longtemps, dans un genre difficile à maîtriser tant il faut justement en doser tous les éléments et y instiller une émotion vraie. Une réussite totale, tétanisante tant c'est émouvant, glaçant de beauté, à classer entre Bon Iver et Joni Mitchell.
Mes morceaux préférés : Bug Collector, Untitled God Song
A écouter sur Spotify ou Deezer


L'EP DU MOIS


Stella Donnelly - Thrush Metal
Australie
Rock Indé, Pop, Folk
  Décidément, les folkeuses tiennent le haut du panier ce mois-ci, et ce Thrush Metal, de la très jeune australienne Stella Donnelly, le prouve une fois de plus. Entre le rock indé de Pavement ou Courtney Barnett, et la folk poignante des anciens, avec pour elle un jeu émouvant et concis et un chant poignant, riche et puissant, elle a tout pour conquérir nos coeurs et nos oreilles. Un superbe EP, sorti chez Secretely Canadian.
Mes morceaux préférés : Mechanical Bull, Boys Will Be Boys, Mean To Me
Ecouter sur son Bandcamp ou Deezer ou Spotify


LA CHANSON DU MOIS


Rae Sremmurd, Mike WiLL Made-It, Juicy J - Powerglide 
USA
Hip-Hop, Pop, Rnb, Electro-Pop
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  Le talentueux producteur Mike WiLL Made-It a décidé de se servir de la base du morceau "Side 2 Side", de la Three 6 Mafia, pour construire ce single imparable pour ses protégés, le duo Rae Sremmurd (Swae Lee le chanteur et Slim Jxmmi le rappeur). Autre bonne idée, inviter un membre originel de la Mafia à poser un couplet, puisqu'on est dans l'hommage assumé et pas dans le plagiat, et pas n'importe lequel puisqu'on parle de Juicy J, qui met le feu ici. Cette dream team accouche logiquement d'un putain de gros tube à écouter absolument. 

LE CLIP DU MOIS



Méga-Parade - L'Exil
France
Electro-Pop/Synthpop, Pop, Chanson Française, Jazz
  Le duo nantais Méga-Parade signe un clip fun et touchant pour mon morceau préféré issu de leur dernier EP, (dont je reparlerai ci-dessous parce qu'il est très bon). Le grain VHS et le millième degré de la mise en scène illustrent avec merveille leur musique belle et subtile, un poil mélancolique, et le texte sincère et poétique du morceau. Une grosse réussite à tous les niveaux. Et puis la scène du coucher de soleil... 


BILAN ALBUMS

***On a adoré :


L'Impératrice - Matahari
France
Disco-Funk, Electro-Pop, Chanson Française, Psychédélisme
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  Un superbe album de pop française, mêlant sonorités organiques et électroniques pour composer un disco-funk psychédélique parfois rêveuse, parfois carrément dansante. Joué par 6 musiciens hyper pointus, aux influences larges allant de De Roubaix à Tyler, The Creator en passant par Cortex et Air nourrissant des arrangement subtils et denses.
Mes morceaux préférés : Là-haut, Matahari, Erreur 404
Ecouter sur Spotify ou Deezer


Gwenno - Le Kov
Pays de Galles / Royaume-Uni
Pop, Psychédélisme, Electro-Pop, Folk, Dream Pop
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  Gwenno est une artiste pop, connue pour avoir été la chanteuse du girls group The Pipettes. Et on en avait parlé ici, la particularité de ce disque, c'est qu'il est uniquement chanté en gallois et en cornique ou cornish en VO (langue de la Cornouailles), les langues qu'elle entendait durant toute son enfance. L'autre particularité, c'est que c'est très beau. Sa musique fait souvent penser tour à tour à la pop psychédélique, baroque, et orchestrale des 60's, et à la dream-pop 90's, mais revue au travers d'un filtre moderne, avec des ajouts synthétiques voire électroniques. Des arrangements délicats et originaux, une voix angélique et de solides compositions très mélodiques, que demander de plu ?
Mes morceaux préférés : Tir Ha Mor, Hi a Skoellyas Liv a Dhagrow, Aremorika, Hunros
A écouter sur Deezer ou Spotify



Of Montreal - White Is Relic / Irrealis Mood
USA
Pop, Electro-Pop, New Wave/Synthpop, Disco/Electrofunk
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  Partagé entre une relation amoureuse euphorisante et un contexte politique américain déprimantKevin Barnes, leader d'Of Montreal, aboutit à un album à double face, symbolisé par le double titre accordé au projet ainsi qu'à chaque chanson qui le compose. Pour mettre ça en musique, il part des bases électroniques décomplexées du précédent (et très bon) album Innocence Reaches (parmi mes préférés de 2017), et l'enrichit de cette culture "extended mix" tout droit venue des 80's. Au final, l'album, parmi ses meilleurs, est une suite d'expérimentations toutes plus plaisantes et saisissantes les unes que les autres. Du génie. 
Mes morceaux préférés : Soft Music / Juno Portraits Of The Jovian Sky, Paranoiac Intervals / Body Dysmorphia
Ecouter sur Spotify ou Deezer


Bishop Nehru - Elevators : Act I & II
USA, Canada-Haïti
Hip-Hop, Rap, Baroque Pop, Soul/Funk, Psychédélisme, Electronique, Electro-Pop, Rnb
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  Aidé par Kaytranada & MF DOOM à la production, le jeune MC, plein d'ambition, a voulu faire de cet album un Pet Sounds du rap. Et même si on n'y est pas tout à fait, on ne peut que constater la qualité impressionnante des instrus qui le composent, et la solidité de Bishop Nehru à la barre de cet impressionnant navire. Une vraie réussite, très riche musicalement. 
Mes morceaux préférés : Driftin', The Game Of Life, Get Away, Potassium, Again & Again, Rooftops
Ecoutez le donc par ici sur Youtube, ou bien par là si vous êtes plus Spotify ou par ici si votre truc c'est Deezer


Cavern of Anti-Matter - Hormone Lemonade
Royaume-Uni / Allemagne
Krautrock, Electronique, Electro-Pop, Electro-Rock, Funk
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  Le trio Cavern of Anti-Matter est formé autour de Tim Gane co-leader du groupe franco-britannique Stereolab, dont faisait également partie Joe Dilworth, présent ici également, et du "nouveau" Holger Zapf. Ce dernier a construit un système modulaire par lui-même, et c'est autour d'improvisations rythmiques de Zapf utilisant ses machines que s'est construit cet album, le groupe éditant et overdubbant leurs parties par dessus, donnant un résultat très krautrock, mais pas que (électro-rock, new wave, funk, techno...)
Mes morceaux préférés : Malfunction, Phase Modulation Shuffle, Automatic Morning
A écouter ici sur Spotylà sur leur Bandcamp, et là sur Deezer


Never - Never
Royaume-Uni
Pop, Electro-Pop, Funk, Psyché, Rock Indé, Reggae/Dub, Electronique, Techno, Rnb
  Dans la lignée de Brian Eno, mais également celle de Connan Mockasin, Homeshake et Mac DeMarco, ce duo british émerveille grâce à ses comptines électro-pop pures et fraîches. 
Mes morceaux préférés : Submission, Up, The Streets
Ecouter sur Bandcamp


Barbagallo - Danse Dans les Ailleurs
France
Pop, Electro-Pop, Psychédélisme, Chanson Française, Folk
  Dans une lancée incroyable, derrière les fûts de Tame Impala, avec d'autres collaborateurs ou en solo (superbe album Grand Chien en 2016), Barbagallo accouche ici de son magnum opus (pour l'instant) : un album absolument parfait d'une pop française pure, poétique et mélodieuse, aux arrangements classes, intemporels et modernes à la fois, une pop psychédélique, folk, contemplative et groovy à la fois. 
Mes morceaux préférés : L'échappée, L'offrande
Ecouter sur Deezer ou Spotify



Johanna Warren - Gemini II
USA
Folk, Pop, Rock Indé
  Un album de folk doux-amer, aux paroles incroyables de justesses et de cruauté désabusée, mises en musique avec une rugueuse pudeur et chantée d'une voix angélique et grinçante à la fois.
Mes morceaux préférés : Say You Do, Hopelessness Has Done Nothing For Me
Ecouter sur Deezer, son Bandcamp ou Spotify 



David Byrne - American Utopia
USA
Pop, Funk, Electro-Pop, New Wave/Synthpop, Disco/Electrofunk, Post-Punk
  Ce grand monsieur de la Pop avec un grand P n'a jamais cessé d'être intéressant sur disque depuis ses débuts, et ça n'est pas rien. Il frappe encore plus fort avec ce dernier album solo qui se veut comme une mise en valeur de ce qui va bien ou va dans le bon sens dans ce monde et en particulier aux USA dans le but d'inspirer plutôt que de faire peur, ce qui n'est pas évident venant de ce grand lucide (réécouter Fear Of Music des Talking Heads, notamment "Heaven""Air" ou "Electric Guitar" vous en convaincra). Avec ses collaborateurs de toujours (notamment Brian Eno), mais également des nouveaux et des plus jeunes (Oneohtrix Point Never...). Un grand retour en forme, une rétrospective de sa musique, pimentée de petites réinventions , mordante et apaisée à la fois. 
Mes morceaux préférés : I Dance Like This, Gasoline & Dirty Sheets, Bullet, Everybody's Coming To My House
Ecouter sur Deezer ou Spotify


Castlebeat - VHS
USA
Post-Punk, Pop, Electro-Pop/Synthpop, New Wave, Rock Indé, Goth
  Très bon groupe de rock indé à forte tendance post-punk, quelque part entre The Cure et les débuts de New Order, voire The DrumsAriel Pink et John Maus en plus récent, les Castlebeat pratiquent aussi le rock indé façon 90's (ou Mac DeMarco en plus récent), et dans tous les cas font preuve d'un raffinement mélodique indiscutable et d'une efficacité touchante.
Mes morceaux préférés : Research, Here, Wasting Time, I Follow
Ecouter sur Deezer ou Spotify ou Youtube






**On a beaucoup aimé :

The Men - Drift
USA
Rock, Krautrock, Garage Rock, Pop, Psyché, Folk, Punk, Free Jazz, Hard Rock
  Comment ne pas comprendre que le groupe, qui commence à avoir une sacrée carrière derrière lui, ne cherche pas à puiser chez les glorieux ancêtres du rock (Iggy & The Stooges, Can, The Doors, Spirit, Bob Dylan...). Et comment ne pas les aimer, lorsqu'ils atteignent une intensité pas si éloignée de celle de Fun HouseTago Mago, ou plus proche de nous Directions To See A Ghost des Black Angels ?
Mon morceau préféré : Maybe I'm Crazy 
Ecouter sur Spotify ou Deezer


Suuns - Felt
Canada
Rock, Post-Punk, Art Rock, Pop, Electro-Rock, House, Techno, Rnb
  Entre post-punk anguleux et arty, électro-rock anguleux et échappées techno, house ou autotunées, Suuns se diversifie mais enchante, et on aime se perdre dans ce disque (sorti chez Secretely Canadian) comme dans un bon album de Liars, et c'est un vrai beau compliment. 
Mes morceaux préférés : Look No Further, X-ALT, Baseline
Ecouter sur Spotify ou Deezer


Shamir - Resolution
USA
Rock Indé, Pop, Folk
 Passé du rnb nu-disco à la pop-folk électrifiée par le rock indé, Shamir se révèle davantage et me convainc davantage sous cette incarnation laissant davantage transparaître sa sensibilité à fleur de peau et ses nombreux talents.
Ecouter sur Bandcamp


Bon Voyage Organisation - Jungle? Quelle Jungle?
France
Pop, Disco, Electro-Pop, Electrofunk, Jazz, Psyché, Electro-Rock
  Proche de groupes comme La Femme, L'Impératrice, Moodoïd ou Breakbot, le collectif Bon Voyage Organisation est un peu le revers de ce pan de la pop française, son négatif qui peut être très lumineux comme sur le tubesque "Si D'Aventure" mais naviguent souvent dans des eaux plus sombres, jazz, psychédéliques... Moins accessibles mais tout aussi brillants, donc.
A écouter sur Spotify ou Deezer


Wren Dove Lark - I Will
USA / Japon
Pop, Rock Indé, Electro-Pop, Country/Folk
  L'artiste Wren Dove Lark (auteur.e - compositeur.e - producteur.trice - interprète) américain.e basé.e au Japon, évoque au travers d'histoires personnelles poignantes et d’anecdotes édifiantes ses tourments émotionnels, marqués par sa non-binarité et sa transsexualité, sur une musique très personnelle, respirant le fait maison et se situant entre modernité pop et songwriting presque folk.  
Mes morceaux préférés : I Will, Cookie, Get Away, I Had A Dream Where I Made Out With Lil Yachty
Ecouter sur son Bandcamp


Wooden Leg (Sneaky, Paddy Steer, Daniel Bachmann) - Wooden Leg 
Allemagne
Jazz, Pop, Rock, Electro-Pop, Krautrock, Psyché, Funk, Dub
  Wooden Leg est un projet collaboratif, très libre, né autour de fructueuses sessions d'improvisations, et c'est une oeuvre très agréable, posée et folle en même temps, à découvrir si vous aimez la pop instrumentale et expérimentale curieuse, au format libre, et qui n'a peur ni de l'électronique ni du jazz.
Mes morceaux favoris : Give Me Strength, Make.Do
Ecouter sur Bandcamp


Guided By Voices - Space Gun
USA
Punk, Rock Indé, Glam, Pop, Grunge, Folk
  Le meilleur groupe pop-grunge depuis les Pixies ne déçoit jamais, et en tous cas pas avec cet album lumineux, plein de superbes pop songs belles et "alternatives" dans le sens noble (et 90's) du terme. 
Mon morceau préféré : Space Gun
Ecouter sur Deezer ou Spotify


The Messthetics - The Messthetics 
USA
Punk, Hard-Rock, Psyché, Jazz
  Formé autour de l'ex-section rythmique des mythiques Fugazi et d'un guitariste jazz-rock virtuose, le power trio emporte tout sur son passage, et ce disque impeccable sonne comme une déflagration bienvenue. 
Ecouter sur Bandcamp



*On a bien aimé : 

Big Budha Cheez - Epicerie Coréenne
France
Rap Français
  Un très bon album de rap francophone à l'ancienne, avec instrus venant de la soul, du funk, du jazz et des musiques de film et des flows posés et groovy. Grosse réussite.
A écouter sur Spotify

Feu! Chatterton - L'oiseleur
France
Pop, Rock, Chanson Française, Folk, Electro-Pop, Psychédélisme 
  Fidèle à lui-même, le groupe livre un solide second album, poétique, lettré, ambitieux musicalement, plein de cette personnalité singulière qu'ils ont su développer et du trop plein qui fait son charme. Les touches électroniques légères et apaisantes apportent une nouveauté bienvenue à l'ensemble, une nouvelle respiration salutaire, ainsi qu'une profondeur sonore assez moderne.
Mes morceaux préférés : Je ne te vois plus, L'oiseau, L'ivresse
Ecouter sur Deezer ou Spotify

Bitchkraft - 800
Ukraine
Post-Punk, Rock Indé, Punk, Pop
  Un très bel ouvrage venant d'un groupe ukrainien qui mériterait d'être bien plus reconnu qu'il ne l'est, car musicalement impeccable. 
Mes morceaux préférés : Ashley
Ecouter sur DeezerEcouter sur Soundcloud

McLemore - Witness Marks : The Works of John B. McLemore
USA / Ambient
  Une superbe collection posthume de travaux ambiant du génial - et un peu fou - John B. McLemore. Son minimalisme intense et son utilisation très personnelle et toute en tension du field recording prennent aux tripes comme rarement avec de l'ambient. Superbe et triste à la fois.
Ecouter sur Spotify

P Adrix Album Desconhecido 
Portugal / Electronique, Techno
  Un album brutal, conflictuel, d'une techno agressive et vivante, mais également fun et rythmée.
Ecouter sur Spotify 

John L. Nelson - Don't Play With Love, the John L. Nelson Project
USA / Jazz
  Ce projet original a le mérite d'attirer à lui la lumière, puisqu'il s'agit d'un enregistrement de compositions de John L. Nelson, père de Roger Nelson, plus connu sous le nom de Prince, sous la houlette de sa fille, au sein des mythiques studios Paisley Park. Dans un genre dansant et groovy pas si éloigné du ragtime des origines, très mélodique et parfois proche en cela de Duke Ellington, parfois plus doucereuses façon crooner, les compositions du padre tiennent la route et sont ici interprétées avec panache. Un très bel hommage.
Ecouter sur Spotify

10LEC6 - Bone Bame
Cameroun-France / Afro-Punk, Pop, Electronique, Electro-Rock, Soul/Gospel, Funk/Disco, Electropop, Post-Punk
  Sorti sur Ed Banger, cet album original est une mixture d'électroclash funky et brutalement rock et d'influences africaines apportées par la chanteuse camerounaise Nicole.
Ecouter sur Spotify

Kraus - Path
USA / Shoegaze, Dream Pop, Goth, Metal, Psyché
  Un disque de néo-shoegaze intense, immersif, aux couches de sons denses, violentes et enveloppantes à la fois.
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Jonny Greenwood - You were never really here
Royaume-Uni / Classique Contemporain, Synth-Pop, Minimalisme, Folk
  Une autre très belle BO pour le musicien dont le travail en solo commence à prendre une ampleur plus que digne de celui avec Radiohead. L'alternance d'orchestrations minimalistes souvent dissonantes et de beats néo-80's fonctionne à merveille
Ecouter sur Spotify

Lil Yachty - Lil Boat 
USA / Trap, Pop, Mumble Rap, Hip-Hop, Rnb, Electro-Pop
  Quelques très bons tubes, à la fois dans son style habituel très pop et enfantin, mais aussi dans une nouvelle direction plus trap et sombre dans laquelle il convainc pour la première fois. Très sympathique. 
Ecouter sur Spotify

03 Greedo - The Wolf Of Grape Street
USA / Trap, Rap, Hip-Hop, Electro-Pop
  03 Greedo (rien à voir avec Star Wars, son nom vient de "greedy"), est un rappeur indé, et on peut dire qu'il a percé avec cette tape qui a fait pas mal parler d'elle, et on peut comprendre pourquoi tant elle est bien foutue, pleine de petits gimmicks mémorables et assez originale. Pas mal du tout.
Ecouter sur Spotify

Superorganism - Superorganism
Internet / Pop, Electro-Pop
  La pop électronique, mondialiste, maximaliste et sucrée de Superorganism, sorte de supergroupe de nerds qui se sont rencontrés sur internet, est plutôt sympathique, son côté patchwork étant au final maîtrisé. Pas mal !
Ecouter sur Spotify

Jack White - Boarding House Reach
USA / Pop, Electronique, Rock, Blues, Funk, Gospel, Soul, Hip-Hop, Glam
  Tonton White a un peu pété son câble avec cet album. Abandonnant toutes ses préconceptions un poil rétromaniaques, il passe au numérique et à Pro Tools, s'inspire de la pop moderne (surtout le néo-psychédélisme), de l'électronique et du hip-hop pour un résultat un peu bordélique mais souvent fun et aboutissant à quelques résultats intéressants. Il sera allé au bout de sa démarche d'expérimentation, et rien que pour ça ce disque est réussi. Le temps et les réécoutes nous diront à quel point il l'est.
A écouter par là


Sinon il y a aussi...

  ... le post-punk d'Ed Shrader's Music Beat sur Riddlesle footwork de DJ Taye (Still Trippin'), le concept marrant et apaisant de Chaton (avec de bons textes en plus, sur POSSIBLE, la soul rétro de Barrence Whitfield & The Savages et Soul Flowers Of Titan, la pop sympathique traversée de quelques fulgurances des Decemberists sur I'll Be Your Girl, l'album concept H+ de JB Dunckel (moitié de Air), le successeur afrobeat Seun Kuti & Egypt 80 et son Black Times, l'excursion gospel de Snoop Dogg et sa Bible Of Love, le punk d'IDLES (Brutalism), la techno-pop maximaliste de Jorge Elbrecht (Here Lies), Gangin du combo hip-hop montant SOBxRBE, la trap mélodique de Killy et son Surrender Your Soul, l'électrofunk rétro entre Miguel et Prince de Starchild & The New Romantic (Language), l'utopie pop indé et gay-friendly post Magnetic Fields Homotopia de Sam Vance Lawla très cool tape Three/Three du producteur Dabrye, gavée de feats de haut niveau, le rnb badass de Ness Nite (Dream Girl), le rnb sucré de Saweetie (High Maintenance), la pop post-Amy Winehouse de Kimberose sur Chapter One, la chouette tape 2012-2017 de Nicolas Jaar sous le nom A.A.L. (Against All Logic), celle de LetheretteBrown Lounge, Vol.4, toujours aussi excellente, le rnb latino de Bad Gyal (Worldwide Angel), le très cool Rod For Your Love du songwriter Sonny Smith, la BO de The Shape Of Water d'Alexandre Desplat, le retour des Breeders avec All Nerve, le barré DJ Nigga Fox et sa techno hachée sur Crânio, l'électro brutale quasi-gabber de CRZKNY avec GVVVV, ou celle de DEBIT sur Animus.



BILAN EPs

On a adoré :


ARTHUR - Julie Returns
USA
Pop, Psychédélisme, Electronique, Jazz
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  Après l'avoir découvert avec un superbe et bluffant EP, Challenger, l'an dernier (d'ailleurs n°3 de mon Top EPs 2017), c'est avec plaisir que je retrouve ARTHUR pour un autre court EP, sorti sur le label londonien PLZ Make It Ruins. Ce roi de la concision (en général ses morceaux durent 1min30), nous offre ici deux morceaux très réussi, le psychédélique "Julie Returns" au son riche et le très fun instrumental "Saved In"
Mes morceaux préférés : Julie Returns, Saved In (c'est pas très dur !)
En écoute sur Spotify ou Deezer ou Bandcamp


Nubya Garcia - When We Are EP
Royaume-Uni
Jazz, Soul-Jazz, Jazz-Rock, Electronique, Hip-Hop, Prog/Psyché
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  Nubya Garcia a voulu incorporer un esprit électronique, festif, venu de ses DJ Sets, dans son jazz, et elle l'a fait d'une manière surprenante. Plutôt que d'y ramener les machines, elle a juste pris le tempo, l'a assaisonné de hip-hop, et ça a donné "When We Are" et "Source", deux morceaux très classes, lettrés, accessibles, sensuels et frénétiques, accompagnés chacun d'un bon remix électronique. Un grand EP.
Mon morceau préféré : When We Are
Ecouter sur Spotify ou Ecouter sur Deezer

Halo Maud - Du Pouvoir
France
Pop, Electro-Pop, Psychédélisme, Rock Indé, Shoegaze
Lien vers la chronique
  Cette proche de Melody's Echo Chamber et Moodoïd, soutenue par La Souterraine, découverte en 1e partie de Baxter Dury, navigue entre pop française moderne (François & The Atlas Mountains, Petit Fantôme...) et pop indé au sens large, du néo-psychédélisme au shoegaze en passant par l'électro-pop. On pensera également à Jane Birkin en entendant son chant fragile et intense à la fois, alternant entre français et anglais. D'un point de vue arrangements et production, Maud met en valeur ses mélodies en les enrobant de nombreuses couches mais en les laissant apparente, trouvant un équilibre délicat et très plaisant entre ligne claire et mille feuille pop. C'est un superbe EP, avec d'excellentes chansons qui se révèlent encore meilleures en live.
Mes morceaux préférés : Du Pouvoir/Power, Baptism, Dans la nuit
A écouter sur Spotify ou Deezer ou son Bandcamp


Le SuperHomard - The Pomegranate Tree EP
France
Pop, Electro-Pop/Synthpop, Folk, Psyché, Twee Pop, Rock Indé
  La pop posée de ce groupe français, entre classicisme 60's-70's et synthpop, charment à tous les coups et forcent le respect. Un excellent EP, très ambitieux et riche (on pense parfois à des BO de films 70's français, italiens ou japonais, ainsi qu'à la pop orchestrale de Lee Hazlewood), qui cache pudiquement sa grande valeur derrière un côté 
Mes morceaux préférés : Under A Charm, Black Diamond, The Pomegranate Tree, Paper Girl, September 9 (oui j'ai tout cité et alors ?)
Ecouter sur Spotify ou Deezer


Méga-Parade - Un regard vers l'extérieur
France
Electro-Pop/Synthpop, Pop, Chanson Française, Jazz
  Auteurs de notre clip du mois, les nantais de Méga-Parade sont aussi les artistes derrière un des EPs les plus intéressants de l'année avec Un regard vers l'extérieur. Niveau textes, leur poésie réaliste cousine de celle de Philippe Katerine fait mouche, tandis que musicalement leur maîtrise technique et leur sensibilité leur permettent de jouer une musique subtilement composée et arrangée, à la fois plaisante, accessible et riche. Notons l'ajout du saxophone, apportant une touche très intéressante au groupe. Un très, très bon EP que je vous recommande.
Mon morceau préféré : L'exil
A écouter sur leur Bandcamp ou leur Soundcloud

N Kramer - Endless 
Allemagne
Electro-Pop, Ambient, Pop
  Etant le cerveau d'un de mes groupes favoris, Still Parade, la sortie de cet EP du mutli-instrumentiste, producteur et chanteur berlinois Niklas Kramer, alias N Kramer sur ce projet, était très attendue par votre serviteur. Dans une veine plus minimaliste, presque ambient, teintée d'influences parcourant les continents et les époques, cet EP apaise et émerveille, même s'il ne touche pas la corde sensible de la pop davantage calibrée de son autre projet. Il en restera un beau projet parallèle, en tous cas.
A écouter sur Deezer ou Spotify

Shamir - Room EP
USA
Folk, Pop, Country, Rock indé
  Accompagnant l'album dont j'ai parlé plus haut, ce superbe EP deux titres contient ma chanson préférée de Shamir : "Room", dont j'ai vanté les mérites lors du bilan du mois dernier. 
Ma chanson préférée : Room, évidemment
Ecouter sur Bandcamp


Sinon il y a aussi...

  ... la pop-jazz bricolée et électronique de Sneaky sur son EP Lost & Found (à écouter ici sur son Bandcamp), la nu-soul très Marvin Gaye du collaborateur de Vulfpeck, Joey Dosik (Game Winner EP), la trap sombre et électronique de Brodinski & Hoodrich Pablo Juan (The Matrix), la cloud-trap rnb de Joji sur In Tongues, le solaire Royalty des rappeurs d'EARTHGANG, les sucreries rnb de la The Chocolate Box EP de Jeremih, la superbe collaboration entre Dungen et nos folk-rockeurs favoris de Woods (Myths EP III), l'oeuvre introspective de Mick Jenkins (or more... the frustration EP) ou la house de Peggy Gou sur Once.




BILAN CHANSONS

***On a adoré :


Beach House - Dive
USA
Pop, Dream Pop, Rock, Psyché, Electro-Pop
  Avec ce "Dive", les Beach House continuent sur leur lancée de morceaux parfaits, l'album qui vient s'annonce vraiment incroyable.


Yuksek & Bertrand Burgalat - Icare
France
Nu-Disco, French Touch, House, Electro-Pop, Electrofunk
  Je n'attendais pas une collaboration de ces deux-là, mais le morceau est une vraie tuerie, c'est absolument génial, à la fois dansant et rêveur. Gros mois pour le disco comme on verra ça en dessous 


Amadou & Mariam - Filaou Bessame (Cerrone Remix)
France, Mali
Disco, Electrofunk, Afrofunk, Electro-pop
  Le vétéran disco Cerrone en a encore sous le pied et publie de temps en temps de petites bombes comme ce remix. Il faut dire que le matériau d'origine est déjà un bijou de pop groovy et intelligente. Mais néanmoins, excellent boulot de remix, un vrai bijou. 


Duke Dumont & Ebenezer - Inhale
Royaume-Uni
Nu-Disco, Electrofunk, Rnb
  Tuerie disco 3/3 : avec ce "Inhale", le producteur britannique Duke Dumont époustoufle par sa maîtrise du rythme : impossible de ne pas danser en écoutant ce morceau groovy à souhait jouant des pauses et des reprises avec malice et virtuosité. Le côté rnb apporté par le chant achève de rendre ce morceau moderne, frais et cool. Vraiment, grosse réussite de bout en bout.


Ryley Walker - Telluride Speed
USA
Psychédélisme, Jazz, Folk, Pop, Rock
  Un morceau génial de folk-rock pastoral aux contours psychédéliques glissant doucement mais sûrement vers une folie jazz jouissive sur sa deuxième moitié. 


tobi lou ft Smirno - TROUP
USA
Pop, Hip-Hop/Rnb, Electro-Pop, Mumble Rap, Trap-Pop, Soundcloud Rap
  Le jeune chicagoan, encore assez confidentiel, risque fort d'exploser si il balance des singles de pop totale comme ça sans prévenir. Sa créativité et sa dextérité mélodique rappellent les débuts de Young Thug, c'est dire si c'est très prometteur.


Yuno - No Going Back
USA
Pop, Rnb, Electro Pop, Sunshine Pop / Baroque Pop, Hip-Hop
  Qu'auraient composé les Beach Boys si ils avaient démarré en 2018 ? Sûrement des merveilles comme ce titre imparable entre génie de la composition issu de la pop 60's et prod moderne. Pas si éloigné également de "Two Weeks" de Grizzly Bear. En tous cas, c'est très, très bon.


**On a beaucoup aimé :

Ross From Friends - John Cage (Edit)
Royaume-Uni / House, Pop, Electro-Pop, New Wave, Lo-fi
  Une très bonne production de house lo-fi, très chill, quasiment baléarique, avec des accents pop modernes (Metronomy, The xx, Caribou...) très plaisants.
Ecouter sur Youtube

Leon Bridges - Bet Ain't Worth The Wait
USA / Rnb, Electrofunk
  Très bon mais un poil scolaire lorsqu'il fait de la soul vintage, Leon Bridges se révèle ici davantage, dans un registre rnb renvoyant vers les classiques 90's mais avec une prod néanmoins moderne. C'est très sucré, très propre, mais c'est vraiment bien fait, sincère et émouvant. 
Ecouter sur Youtube

Golden Drag - Aphex Jim 
Electro-Pop/Synthpop, New Wave/Post-Punk, Psyché Pop
  Un très bon morceau, qui sonne un peu comme si une des nursery rhymes psychédéliques de Syd Barrett avait été reprise par un groupe de rock indé 80's ne reniant ni les synthés ni les guitares saturées.  
Ecouter sur youtube

Clément Froissart - Peupleraie
France / Electro-Pop/Synthpop, Pop, Chanson Française
  Excellent morceau, prenant et tout en tension, qui rappelle un peu Housse de Racket (c'est un énorme compliment de ma part), malgré une voix un poil trop maniérée sur les couplets.
Ecouter et regarder le clip sur Youtube

Krisy - Champagne & Mojito
Belgique / Hip-Hop, Rnb, Pop, Electropop, Rap francophone

  J'adore tout ce que ce type fait, et son dernier single ne déroge pas à la règle. Du génie érotique à l'état pur et à tous les niveaux.
Ecouter sur Youtube


*On a aimé :

Lil Wayne - Vizine
USA / Hip-Hop
  Lorsque Lil Wayne est en forme, ça claque, y'a pas à dire, et ça fait un bien fou. Très encourageant.
Ecouter sur Youtube

Natalie Prass - Short Court Style
USA / Pop, Disco, Funk
  Un bon petit tube disco-pop, c'est pile ce qu'il faut pour faire venir le printemps un peu plus tôt, au moins dans mon casque. 
Ecouter sur Youtube

Trae The Truth aka King Truth & Young Thug - Don't Know Me
USA / Hip-Hop
  Très bonne collaboration, inquiétante et entêtante, avec un côté film noir 80's, et une superbe prestation de Young Thug.
Ecouter sur Soundcloud

Zhu & Tame Impala
USA, Australie / EDM, Electronique, Pop, Electro-Pop, Psyché, Jazz
  Même lorsqu'il s'acoquine avec un producteur EDM, Kevin Parker a du goût, parce qu'il choisit le moins pire d'entre tous, Zhu (avec à son compteur quelques bonnes prods). Le résultat n'est pas inoubliable, mais c'est frais et plutôt sympathique, et puis Etienne aime beaucoup alors ça ne doit pas être si mauvais que ça.
Ecouter sur Youtube

Vicelow - Saïtama
France / Rap francophone, Rnb, House, Electro-Pop
  Un bon petit croisement entre une house accessible (super prod) et un rap francophone un poil commercial mais tout à fait écoutable, avec un petit esprit belge dans l'écriture.
Regarder le clip sur Youtube

Azaelia Banks - Soda
USA / Rnb, House, Electro-Pop, Hip-Hop
  Là encore, un bon petit hip-hop/rnb de club, empruntant de nombreux éléments à la house et à la pop électronique mainstream, mais le faisant bien.
Clip sur Youtube



Les reprises du mois :

Phoenix - No Woman (Whitney Cover)
France / USA
Pop, Electro-Pop, Italo Disco
  Phoenix réalise ici une reprise étonnante, façon italo disco autotunée, du morceau de pop aux saveurs country et soul "No Woman" du groupe Whitney (cf le clip de l'original). Ca vaut le détour !
Ecouter la reprise sur Youtube

Calypso Rose - Calypso Blues (Nat King Cole Cover)
Trinité & Tobago / USA
Calypso, Pop, Jazz Vocal, Crooner, Electro-Pop, Reggae/Dub
  De l'originale de Nat King Cole (à écouter ici), très pure et minimaliste, quasi doo-wop, la reine de la calypso a fait un tube caribéen tout à fait génial. Superbe retour des choses, la chanson parlant de Trinité & Tobago, son appropriation par cette native lui rend son sens originel et clôt la boucle d'une manière que je trouve assez belle et émouvante. 
Ecouter la reprise sur Youtube

Merci pour votre lecture et vos commentaires, n'hésitez pas à nous faire part de vos retours sur certaines de ces oeuvres ou sur la forme de cette chronique.
Et rendez-vous le mois prochain pour un autre bilan !


Alex