Les aventures musicales de deux potes

Les aventures musicales de deux potes

jeudi 26 janvier 2017

Chastity Belt - Time to Go Home (2015)

Deuxième album studio du quatuor féminin état-unien originaire de WallaWalla, Washington, non loin de Seattle, Time to Go Home tourne très régulièrement sur mes enceintes depuis sa sortie sur le label Hardly Art en 2015. Un album de rock indé somme toute assez classique, mais qui n'est pas pour autant dénué de nombreux atouts. Je me devais donc de vous le faire (re)découvrir !




     Dans un style très authentique, le groupe ne s'encombre d'aucune fioriture pour nous charmer et débute l'album avec Drone, sans l'embarras d'une introduction, posant dés lors les bases de leur rock indé mélancolique et juvénile, usant de guitares twangy, de reverbe et d'écho, pour un rendu acoustique tout droit sorti de la froideur d'une église. Inspirées du livre How Should a Person Be ? de Sheila Heti et sous le couvert d'une vague histoire d'amour plus qu'impersonnelle, la chanson nous parle plus profondément de féminisme et plus particulièrement de ce paternalisme qu'exerce de nombreux hommes à l'égard des femmes, notamment dans le milieu musical. "He was just another man, tryn'a teach me something" chante Julia Shapiro. "It can be looked as like, in a relationship, kind of mansplaining in a relationship and mansplaining in professional, everyday life" disait l'intéressée au sujet de ce titre dans Noisy en mars 2015.


     Trapped nous donne à voir un versant dépressif, empruntant au punk sa vision existentialiste voire nihiliste, "Now when I close my eyes I envy anyone who feels alright".
De ce groupe, d'autre caractéristiques nous rappellent le punk, que ce soit ce chant féminin désintéressé de Julia Shapiro, rappelant celui de Courtney Barnett ou Pj Harvey, la simplicité et la répétitivité mélodique menée par la guitare de Lydia Lund et soutenu par la batterie de Annie Truscott et la basse de Gretchenn Grimm, mais aussi cette formation féminine aux textes engagés rapellant de nombreux groupes tel X-Ray Spex ou The Slits.


De gauche à droite :
Julia Shapiro - Vocal et guitare rythmique
Annie Truscott - Guitare basse
Lydia Lund - Guitare solo
Gretchen Grimm - Batterie

     S'en suit Why Try, poursuivant le questionnement existentialiste juvénile, dans une ritournelle qui s'intensifie en rythme et en énervement. On y entend alors les envolées vocales évoquant Robert Smith et le post punk de The Cure. On redescend ensuite sur le très plaisant Cool Slut, dont l'humour assumé ne laisse pas indifférent, servant la encore la cause féminine "Ladies it's okay to be, It's okay to be slutty". Niveau mélodique, la simplicité est là encore de mise et ce n'est pas un hasard puisque c'est une des première compositions de Julia Shapiro, dont le titre est inspiré d'un tag qu'elle avait fait adolescente. Les influences folk rock de l'album transparaissent assez nettement sur ce titre, rappelant Real Estate, Warpaint et Mac Demarco. Apparaît alors, à ce stade de l'album, ce qui fait sa richesse, un sentiment assez ambiguë oscillant entre la monotonie et l'hypnose, qui agacera certains et enchantera les autres.

     Déboule ensuite le rock effrayant de The Thing, en référence au film d'horreur réalisé par John Carpenter, venant électriser ce milieu de disque transpirant le garage punk des Pixies, "Everyone's infected Everyone".


The Thing de John Carpenter

     Puis arrive Joke qui n'est pas sans rappeler le post punk des Smiths ou de Pavement et le surf rock des Drums, avec Lydia et son jeu note par note, staccato, continuant à nous élever dans cette ambiance mystique. Lydia, probablement en référence à la guitariste du groupe, propose un paysage brumeux où, dans l'alcool, se mêle naïvement rêve et réalité. Dans un esprit toujours plus rock, IDC parle là aussi d'alcool, celui qui nous fait oublier l'ennui d'une vie que l'on voudrait autre.

Ce 10 titres se termine finalement sur le lancinant Time to Go Home qui donne son nom à l'album. On y atteint l'ivresse, mais le lendemain nous guette !



    Plus qu'un rock pour ados, Chastity Belt nous parle sur le ton anxieux, désinvolte et naïf de l'adolescence de thèmes qui nous animent encore quelque soit notre âge, que ce soit la valeur de nos relations, nos ruptures ou le sens de notre vie. Avec ses influences rock allant du garage, au post-punk, en passant par le surf rock, Chastity Belt se pose en équivalent féminin de The Drums et, sans pour autant le révolutionné, perpétue un bel héritage. De cette musique émane la sincérité d'une amitié entre quatre femmes animées par la passion d'une musique simple et authentique qu'elles nous transmettent avec brio, dans un album très intègre et spontané, tel une belle session jam. 



Voici les liens pour l'écouter sur Deezer et Spotify.

Pour écouter leur premier album, No Regerts ( non pas de coquille, je vous assure) sorti en 2013, c'est ici.

A écouter aussi, l'autre projet beaucoup plus punk de Julia Shapiro, Childbirth.

Pour en découvrir un peu plus je vous recommande l'interview du groupe dans Noisey et celle de Julia Shapiro pour Seattle Met.



Etienne



1 commentaire:

  1. Très bonne chronique, hyper complète, technique et recherchée, bravo collègue :) !

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