Les aventures musicales de deux potes

Les aventures musicales de deux potes

vendredi 30 décembre 2016

Mainstream Pop/Rnb 2016 : The Weeknd, Beyoncé, Drake, Rihanna



The Weeknd - Starboy (2016)


  Cet album est un paradoxe : immédiatement catchy, à la production massive et pailletée, il est ultra accessible. Pourtant, il ne révèle tous ses charmes qu'après 4 ou 5 écoutes. La "faute" à une longueur mastoc (1h10 quasiment), répartie sur 18 (!) morceaux. Et qui fait la force et le défaut de cet album : il faut du temps pour le digérer, pour identifier chaque chanson, apprendre à l'apprécier. Ce qui donne un album long en bouche (une gageure dans le genre), qui au premier abord semble être une collection de quelques tubes avec du remplissage entre (grossière erreur !). Car ces chansons bonus se révèlent finalement excellentes, le rythme est bien géré sur cet album bien construit. Et alors que suite à ma déception initiale, je parlais de le réduire à 12 chansons, aujourd'hui j'aurais bien du mal à en enlever plus qu'une ou deux, et encore. Je n'y toucherais pas. 

  Deux énormes tubes encadrent ce disque : le rnb mélancolique et conquérant de "Starboy", avec la production puissante des Daft Punk, qui offrent sur "I Feel It Coming" un écrin électro-funk intemporel et un véritable bijou du genre à Abel Tesfaye, qui en profite pour placer un chant aussi jacksonien qu'inoubliable. Mais à l'intérieur du disque, ça ne chôme pas et malgré l'apparente cohérence sonore (et visuelle, jolie cohérence de l'artwork), ça balaye large : le rnb sombre et infusé de trap de "Party Monster" rappelle la face sombre du Weeknd (cf "The Hills"), tandis que "False Alarm" joue un jeu assez inédit, le grand écart entre électro-rnb efficace et électro-rock tabasseur. Et ça marche ! Comme la tentative UK garage à la Disclosure "Rockin' ", l'électrofunk sur "A Lonely Night", la pop indé du trop court "Stargirl" avec Lana Del Rey, et le rappel soul (autotuné) de "Sidewalks" (malgré un Kendrick pas très en forme et un peu superflu ici). Tous ces genres sont convoqués et exécutés avec brio. 

  On a aussi du Weeknd plus classique avec une très bonne "Reminder" qui rappelle "Often" dans sa deuxième moitié, des ballades moins inoubliables mais très sympathiques avec "True Colors" et "Attention". Future revient pour égaler leur incroyable duo "Low Life" sur "Six Feet Under" où l'alchimie entre la noirceur de la vision des deux hommes fait mouche. Et sur "All I Know", un peu moins réussi quand même, mais pas raté non plus loin de là. Parfois la sauce électro-pop tubesque, c'est un peu too much, mais ça reste addictif, comme sur "Love To Lay", "Nothing Without You" et "Ordinary Life".

  Reste à parler des deux autres titres majeurs de ce disque : la crève-coeur "Die For You" et l'irrésistible tube "Secrets" qui sent bon la new wave et la guitare slide (sisi c'est possible et c'est plutôt superbe). Et on a un album assez incroyable, dont les excès font les forces. Peut-être un peu riche, mais l'énergie et l'envie (audibles) de Tesfaye, ainsi que son charme inné, nous évitent l'indigestion, et je n'oserais même pas parler de remplissage à son sujet tellement le projet est cohérent et bien construit (ce qui n'est pas le cas des albums abordés ci-dessous, mais on y reviendra)
  Ca fait plaisir et ça fait frissonner de voir The Weeknd, hier anti-héros du circuit indé, prendre son envol et devenir une superstar. Il le mérite, cet album (à écouter ici) le prouve.




Beyoncé - Lemonade (2016)

  C'est le disque de l'année pour certains (beaucoup), mais malgré la force de thèmes abordés (place de la femme et des noirs dans la société pour résumer grossièrement) et la diversités des styles musicaux détournés, force est de constater que le remplissage dont je parlais un peu plus haut gâche l'ensemble du disque. On a des morceaux très réussis, comme le rnb sexy de "Love Drought" et "6 Inch" (avec The Weeknd tiens!), le gospel émouvant de "Pray You Catch Me", la pop indé saupoudrée de soul de "All Night", le tube blues-rnb "Formation", la dancehall pop de "Hold Up" et mon favori : "Sorry" et ses pouet pouet électro-pop. Je suis un homme simple, si ça fait bien pouet pouet de façon assumée et voulue, j'aime. 

  Mais on a aussi des morceaux bons au départ qui se révèlent trop creux et répétitifs après quelques écoutes et lassent vite : le rock de "Don't Hurt Yourself" avec Jack White, la country de "Daddy Lessons", l'intermède "Forward" de James Blake, l'irritant "Freedom" avec Kendrick Lamar, très superficiel musicalement, et la ballade un peu trop générique "Sandcastles".

  C'est donc un vrai bon disque (7 très bonnes chansons sur 12), dont l'impact est atténué par les morceaux un peu plus faibles, c'est dommage mais ça n'enlève rien au talent de la Dame et aux qualités des autres morceaux, ce disque est donc à écouter, et a marqué l'année d'une façon très positive. 





Drake - Views (2016)

  Je n'irai pas par quatre chemins : cet album est bon, contient d'excellents titres, mais contrairement à Starboy, il est beaucoup mais alors beaucoup trop long et plein de remplissages. Ca fait presque plus compilation qu'album à ce rythme (1h20 !!! 20 morceaux !!!). 

  Alors qu'il y avait moyen de pondre un des disques de l'année. En gardant par exemple : le rnb très soul orchestrale, façon big band flippant, de "Keep The Family Close", le hip-hop hyper mais alors hyper bien produit de "9" et "Feel No Ways" (mon dieu ce beaaaat !!!!), le rnb façon dancehall de "With You" et du superbe "Controlla", celui à la Take Care de "Redemption" et "Fire & Desire", voire même des trucs plus dark à la If You're Reading This It's Too Late de "Hype", "Pop Style" et "Still Here". Le tube "Hotline Bling". Et puis l'interlude dont on ne sait pas trop ce qu'il fait là mais qui est super cool "Summers Over Interlude". Et voilà, 11-12 titres, un album parti pour tout déchirer et peut-être son meilleur disque (ça se discute ceci dit, Take Care serait quand même probablement encore au-dessus). 

  Mais tout ça, ça suppose d'enlever les titres très moyens comme "Grammys", avec Future, "U With Me?", "Weston Road Flows", "Views" "Faithful", "Childs Play" les irritants "One Dance" et "Too Good" avec Rihanna. C'est malin ça, comment je fais pour juger un super album caché dans une compile moyenne ? Se faire un avis sur ce genre de projets surchargés, c'est pas évident ! Faites vous le vôtre en l'écoutant ici, comme vous l'aurez compris y'a un paquet de pépites là dedans, faut juste avoir le temps et l'envie de creuser un peu !





Rihanna - ANTI (2016)

  Même diagnostic de remplissage chez la superstar de la Barbade. On a un titre exceptionnel, "Consideration" (en duo avec SZA), habilement placé en ouverture. Rien à redire, c'est une tuerie ce morceau. Autant que le tube "Work" à la production dingo. On a ensuite de l'excellent, avec le rnb cotonneux et psychédélique du plus bel effet ("James Joint", "Yeah, I Said It"), additionné d'un chant passionné sur "Higher" et touchant sur la plus douce "Close To You". Dommage que la bombe "Bitch Better Have My Money" n'y soit pas.  

  On a du moyen, avec la pop 80s sympa mais un peu too much de "Kiss It Better", la très Travis Scott "Woo", le single électro-rnb "Needed Me", la soul-rock de "Love On The Brain", et le rnb autotuné de la bonus track "Sex With Me"Et du un peu naze avec la pop amorphe de "Desperado" et "Never Ending", la reprise karaoké assez inutile de Tame Impala et les autres bonus tracks (mais ça c'est pas inattendu).

  Bref, on a un très bon demi-album, et c'est déjà pas mal. Ça augure d'une amélioration dans la qualité de la musique de la chanteuse, qui a un vrai potentiel. A écouter ici et à suivre, donc !


Alex


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