Les aventures musicales de deux potes

Les aventures musicales de deux potes

samedi 15 octobre 2016

Frank Ocean - ENDLESS (2016)


  Sorti en préambule à Blond(e), qui est le "vrai" album (mmmh... ça me plaît pas ça mais j'y reviendrai), pour remplir le contrat liant Ocean à sa maison de disques, ENDLESS n'en est pas moins une réussite. Plus expérimental et fouillis (en apparence seulement) que son successeur, il recèle d'excellents morceaux, et dégage une unité sans faille malgré le grand nombre de genres musicaux abordés.

  L'intro synthétique "Device Control" ouvre sur la magnifique reprise "At Your Best (You Are Love)", des Isley Brothers via Aaliyah (nous avons d'ailleurs déjà parlé de l'histoire de ces reprises ici). Si il vous fallait une preuve que Frank Ocean est un des chanteurs les plus passionnants de sa génération vocalement parlant, elle est là. Il est un de ceux ayant une personnalité forte et un talent inédit pour le chant, tels qu'on n'en rencontre pas tant par décennie. Récemment, je pense à Amy Winehouse, Bon Iver, Sufjan Stevens... Et sans doute quelques autres que j'oublie, mais y'en a pas tant que ça. Bref, cette reprise en apesanteur est un chef d'oeuvre absolu.

  Mais les compositions du sieur tiennent la route, comme "Alabama", et son côté pop semblant tout droit sorti de Channel Orange, avec un peu moins d'instrumentation (des voix qui se répondent et un piano avec reverb, ça suffit). On reste en terrain connu, quoique plus atmosphérique que ce à quoi il nous a habitués, avec la très belle "Sideways".

  De la qualité, il y en a aussi plein la plus hip-hop et vaguement jazzy "U-N-I-T-Y", la folk soul minimaliste et lo-fi de "Slide On Me" et "Wither" qui se fond dans "Hublots" et son sample tiré de "Contact" des Daft Punk. Même les interludes comme "Mine", les "Ambiance...", "Florida", les excellentes "In Here Somewhere" et "Deathwish(ASR)" très rnb versant électronique, et le génial et addictif "Comme des Garçons" sont intéressants, et participent à la construction d'un album, un vrai, qui est bien plus que la somme de ses parties.

  La fin de l'album prouve d'ailleurs cela, elle est très construite. La folk et le rnb se mêlent sur "Rushes", où l'on sent l'influence de Bon Iver notamment, avant que la musique ne soit déformée et triturée par le sampling, aboutissant à un beat hiphop/électro. Repassant par du franchement folk / pop sur le très beau également "Rushes To" avec sa gratte électrique magnifique et ses nappes de synthé. Et puis on finit par "Higgs", le morceau de bravoure qui démarre par un beat presque dancehall dansant, avec un chant rnb très pop. Et puis un break, et là un morceau de techno post-New Order technophobe démarre. C'est génial et inattendu, et ça fonctionne parfaitement (c'était un peu annoncé par la fin de "Rushes" et ça rappelle parfaitement "Device Control", le premier morceau).

  Bref, écoutez Blond(e), c'est un superbe album (et j'y reviendrai très bientôt), mais surtout n'oubliez pas d'écouter aussi ce ENDLESS. Ne faites pas comme la majorité de la presse musicale (et du public) qui a complètement oublié l'existence de cet album de grande qualité dès que l'autre est sorti. D'autant plus qu'il est exigeant et demande plusieurs écoutes avant de se dévoiler tout à fait (mais quand ça arrive, c'est magnifique). Vous ne le regretterez pas.
  Oh et il y a un film qui va avec dans lequel Ocean monte un escalier en noir et blanc, c'est une belle parabole sur le versant artisanat de l'art, et une façon à la fois profonde et humoristique d'aborder à la fois sa carrière et l'art en général, et de redonner aux valeurs temps et travail leur juste place.

Merci pour votre passage, votre lecture et vos commentaires et à bientôt !

Alex

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire