Les aventures musicales de deux potes

Les aventures musicales de deux potes

lundi 5 septembre 2016

Future - EVOL (2016)


  Le problème avec les artistes du genre de Future, c'est le revers de la médaille d'une de leurs qualité : la productivité. Les mixtapes et albums sortant au rythme effréné de 3 ou 4 par an, la créativité s'émousse, les automatismes s'installent, et on fait vite un peu toujours la même chose. D'autant plus que les producteurs sont toujours les mêmes, et eux aussi, ultra sollicités, proposent souvent une formule davantage qu'une musique originale.

  Pourtant, à force de creuser le même sillon, on acquière une certaine maturité, on explore à fond son art jusqu'à en maîtriser les moindres aspects techniques. Et quand on a une vision cohérente, et une certaine volonté d'aller droit au but, des pépites de talent raffiné peuvent en jaillir. Et c'est le cas ici. Je suis toujours en décalage avec Future. Par exemple, l'an dernier, quand la critique a encensé son DS2 (que j'ai adoré mais trouvé un poil long et manquant de structure... Vendu comme un album mais plus proche de la mixtape), je lui ai préféré le snobé (mais un peu réhabilité depuis) What A Time To Be Alive, avec Drake. Plus concis, plus long en bouche, avec des sommets moins hauts mais une certaine constance appréciable. Et puis surtout, des instrumentaux qui se détachent, qui ont une vraie personnalité propre, ce qui permet à Future d'envoyer un flow unique pour chaque morceau. Et qui marquent l'oreille. Et bien, c'est tout pareil ici... Et l'album a été plutôt mal reçu.

  Pourtant, "Ain't No Time" et "In Her Mouth" (amis de la poésie bonsoir) accrochent tout de suite. L'ambiance droguée, dépressive, brute et sombre est toujours là, les gimmicks sont entêtants, les rythmes martèlent, et Future déploie des motifs vocaux enivrants et des refrains mémorables. Les morceaux sont concis, structurés, straight to the point. Même "Maybach", à l'instru très convenue, s'en sort grâce à son talent. Et il transcende le beat très sobre de "Xanny Family" avec cette mélopée autotunée ultra addictive, et surtout installe une ambiance incroyable grâce à la respiration du morceau, bien aéré. L'enchaînement des morceaux, ses patterns vocaux réguliers et les rythmes implacables, tout est fait pour ne laisser aucun répit et installer une ambiance dingue de transe dark.

  Le rythme change avec les pouet pouet de "Lil Haiti Baby", un peu en-dessous mais de qualité très correcte. Les synthés aigus uniques de "Photo Copied" apportent une diversité bienvenue dans la palette de sonorités, de même que le synthé basse baveux de "Seven Rings". Cependant ces trois morceaux sont un peu le ventre mou de l'album, malgré de bonnes idées dans chacun.



  Heureusement l'album est redynamisé par "Lie To Me" et son synthé cheesy tout droit sorti d'années 80 revues et perverties. Faut remonter à Honest voire Pluto pour entendre un truc aussi joyeux, pop et entraînant chez Future. Le refrain est irrésistible, le morceau est top. "Program", un peu répétitive mais correcte, réinjecte un peu de noirceur avant un autre sommet, "Low Life", qui est une réécriture d'"Often" de The Weeknd, en présence de l'intéressé. Le côté fusion entre hiphop dark et rnb/pop est génial, on croirait que le morceau a été écrit par les deux tant la synergie est palpable. La diversité de l'album est là encore réhaussée par ce titre. Ainsi que par le suivant, le presque rock psychédélique et planant "Fly Shit Only" au flow véloce hypnotisant qui rappelle (pour la prouesse vocale et la dextérité du phrasé) le "Just Might Be" du concurrent Young Thug, sur le merveilleux Barter 6 sorti l'an dernier. Avant de conclure par un "Wicked" plus classique mais qui claque.

  Bref, l'album n'est pas exempts de défauts ni de répétition. Mais avec un peu plus de concision et de diversité dans les morceaux, Future nous offre un album très solide, et une vraie réussite (que vous pouvez écouter en suivant ce Lien Spotify).

Bonne écoute, merci pour votre lecture et vos commentaires, et à bientôt !

Alex


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