Les aventures musicales de deux potes

Les aventures musicales de deux potes

samedi 11 juin 2016

Kaviar Special - #2 (2016)



  Il est difficile en 2016 de faire du rock. C'est une musique qui n'intéresse plus que les passionnés. Et les passionnés connaissent leurs classiques, ils ont déjà presque tout entendu. Donc il est quasi impossible pour un groupe même nouveau d'échapper au revival, puisque tous les sons et toutes les postures, de la plus soft aux plus extrêmes, ont été déjà créés, abandonnés, déstructurés, pervertis, remis au goût du jour, détournés... des dizaines de fois. 

  Cela est à double tranchant : tout sonnera immédiatement familier à l'auditeur connaisseur, et il sera facile de rentrer dans n'importe quel disque de rock moderne comme dans des charentaises, avec autant de culture et de pré-requis (plus de 60 ans de rock'n'roll accessibles sur n'importe quel site de streaming, rendez-vous compte !). Mais pour se démarquer, c'est un problème.

  Pourquoi croyez-vous que les disques portés aux nues ces dernières années comme des sommets de créativité soient du côté du hip-hop ou du Rnb ? Parce que les sons, les rythmes, les mélodies... y sont nouveaux. Traitements des voix, hybridations avec d'autres genres... Chez ces musiciens beaucoup est encore à exploiter. C'est pareil pour la pop, qui de par sa définition ultra-vague peut englober ces innovations. Le rock, c'est différent. C'est aussi une infinité de sons, mais les frontières du genre sont quand même moins plastiques. 

  Mais des tas de groupes, du très grand au plus modeste (en termes d'audience), arrivent encore (et heureusement) à sortir du lot avec classe et panache. On a même encore des "phénomènes" rock depuis la fin de la dernière vague des années 2000 (Black Keys, Thee Oh Sees, Ty Segall...). Ces groupes (et les moins connus mais tout aussi méritants artistiquement), se démarquent par une proposition forte, un son, une facilité mélodique, une énergie dingue, un talent inné ou issu de longues années sur la route, une synergie folle entre les musiciens... Bref, une personnalité.




  C'est le cas du groupe rennais Kaviar Special, qui place la capitale bretonne au centre du rock mondial avec la sortie de leur album #2, en synthétisant avec brio garage, psyché, classic rock, punk, rock indé 90's. Leur son n'est pas nouveau mais il est impeccable et énergique. Leur style ? Pas nouveau mais impossible de sortir une ou deux influences principales tant celles-ci sont maîtrisées et digérées (oh et pas de problème d'accent franchouillard dégueu ici je vous rassure).

  Puisque vous avez déjà tous les pré-requis, je vous laisse plonger dans cet album de qualité sans vous en dire plus. C'est pas rien d'être le dernier album de rock à guitare en date à m'avoir autant marqué (pas le seul de 2016, heureusement pour les rock kids, mais un des rares), ce qui est une vraie gageure et une réussite à souligner. En plus, soyons chauvins, ils viennent de Rennes, tant mieux et merci à eux pour notre scène musicale nationale et plus particulièrement provinciale. 

  Ecoutez les ici, ou alors écoutez-le (puis achetez-le si le coeur vous en dit) sur leur bandcamp, et essayez d'aller les voir en concert, je pense que ça vaut le coup (perso, je saute sur l'occasion dès qu'ils passent pas loin).


Merci pour votre lecture, vos commentaires, et keep rockin' !


Alex


8 commentaires:

  1. Avec une telle pochette, on sait effectivement a quoi l'on peut s'attendre : rock un peu psyché, un peu stoner, un peu grassouillet sur les bords… et c'est exactement ce que nous propose Kaviar Special. Alors oui, c'est du déjà vu (entendu), pas de surprises majeures, mais d'excellentes compositions et une interprétation parfaite.
    Le seul défaut que je trouve à ce disque, c'est encore une fois qu'un groupe 100% frenchy rechigne à utiliser la langue de Raymond Devos pour s'exprimer !
    Sinon, c'est une très bonne galette

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    1. Pour le genre de musiques qu'il font, le français est compliqué à gérer, je comprends qu'ils se soient sentis plus à l'aise en anglais, même si comme toi je préfère toujours quand les groupes chantent dans leur langue d'origine (ça vaut pour le français comme l'allemand, l'espagnol, le japonais, le portugais brésilien...)

      Content que tu aies aimé.
      Et bien joué le jeu de mots, je rajouterai même "galette saucisse" vu la provenance ;)
      A+

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  2. J'ai abandonné au bout du troisième titre. Alors pourquoi venir commenter? Pour relancer le sujet que tu as mis en place. Ma réaction à la première écoute était ce que tu as décrit, tout me semblait familier. Ce n'et pas un défaut en soi. Le chant ne m'a pas emballé et même énervé. j'ai bien pensé à du Floyd des débuts ou du Indochine péchu. Surtout je pense que je n'étais pas bien disposé, au boulot + casque + SPOTY. Sans ta chronique j'en serai resté là, je pense retenter sans être certains d'ailleurs, c'est bien ce que tu évoques au début. Si j'avais fait l'achat sûr que je m'y serai remis. Reste la question? Qu'est ce qui m'aurait poussé à l'acheter?
    Ensuite je pensais à cette histoire de ROCK. Sauvé par ses cousins COUNTRY, BLUES et même un peu SOUL. Regarde un BONAMASSA bien classé dans les ventes aux US. à suivre

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    1. Je sais pas d'où sort le Indochine ^^
      Personnellement c'est Bonamassa dont je trouve les mérites artistiques très limités, je trouve ça chiant comme la pluie pour le peu que j'en connais, et comme toi pour ce groupe ça me donne pas envie de creuser. Après commercialement il fait le taff effectivement.

      Ca revient à ce que je disais aussi, l'appréciation de ce genre de musiques devient subjectif au possible et c'est un peu du hasard de tomber sur un groupe qu'on apprécie, pour moi ce disque de Kaviar Special est vraiment un superbe disque rock. Mais je comprends que tu n'accroches pas forcément.

      Dans le genre artistique + commercial (dans le sens je ramène les jeunes à ma chapelle rock) réussi, y'a Ty Segall. Je sors d'un concert là c'était du métal en fusion, le truc le plus punk que j'aie jamais vu !

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  3. "Indochine"? Sur "Sleep Thoughs".
    Je profite (hum) de la grève de France Inter ce matin pour mes les refaire, autres conditions, oreilles fraîches mais son bas car le matin hein...
    Je citais Bonamassa surtout pour montrer qu'il y a de la place pour au moins un rock conservateur, conservateur certes, mais il y a tellement à faire revivre: Rythm'n Blues, Blues, Country, Folk, New Orleans. En faisant qlq mélanges savants tu peux encore faire avancer le ROCK avec une sensation d'exploration.

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    1. Tout à fait d'accord avec ça ! Je n'ai rien contre le revival et les savants mélanges, tant que c'est bien fait comme ici ça me plaît :)
      Tout le monde n'est pas obligé de faire du rock post-The Residents influencé par Autechre heureusement ^^

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  4. Allez pour te faire plaisir, pas seulement, je me le suis passé pas mal de fois quand j'ai eu enfin un coup de foudre, qui m'est resté dans le métro et la tête: MAD, le suivant puis le précédent ... enfin, voilà, MAD le genre de claque - riff de Guitare - qui me faisait penser aux PIXIES ou BUZZCOCKS, le reste du coup s'est déroulé sans problème.

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    1. L'important c'est qu'il t'ait finalement plu à toi ;) ! Bien vu les Buzzcocks & les Pixies !

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