Les aventures musicales de deux potes

Les aventures musicales de deux potes

samedi 31 mai 2014

La sélection du mois (Mai 2014)

La sélection du mois - Mai 2014
Album du mois :

Sébastien Tellier - L'Aventura


Alex : Tellier, très prolifique en ce moment, surprend son monde avec un une cadence assez inédite chez lui ces derniers temps : un album par an. Mais le plus surprenant est que même en sortant aussi rapidement, ils sont excellents. Autant Confection manquait parfois un peu de profondeur (normal, il était constitué de chutes de studio), autant celui-ci peut prétendre au titre de meilleur album du bonhomme, suivant les goûts de chacun. Personnellement, j'ai énormément de mal à en choisir un seul. 
  Pour parler plus de ce disque, il faut savoir qu'il est en immense majorité francophone, qu'il est très inspiré du Brésil, car enregistré là-bas (le producteur Arthur Verocai a laissé son empreinte). Mais il est aussi très synthétique (Tellier a emprunté les studios et les machines de JM Jarre, pour enregistrer une partie du disque à Paris). Le résultat alors ? De la variété française 70's ouverte sur des musiques sud-américaines et assez synthétiques. Mais cela n'a absolument rien de péjoratif tant les mélodies, les harmonies, les textures et les timbres sont magnifiques. D'ailleurs on pense plus à Polnareff, Gainsbourg ou Christophe qu'à des chanteurs de seconde zone.
 
  Il s'agit sans doute de l'album le plus personnel de Tellier. Il y évoque dans de textes simples et touchants son enfance, et quelques-unes de ses rêveries. Sa voix est traitée d'une façon très juste, tour à tour mise en valeur par l'orchestration et les chœurs, et laissant la place à la musique sur les passages instrumentaux.
 
  Et surtout, cet album est très homogène en terme de qualité. Aucun mauvais morceau ici, ils sont tous du même calibre, excellents. Il prend par l'émotion, et laissera là encore sûrement quelques puristes et quelques cyniques sur le bord de la route par son orchestration riche et son parti pris 1er degré. Tant pis pour eux, ils manquent un des meilleurs disques de l'année. Vous l'avez compris, je vous recommande plus que chaudement ce disque. J'avais prédit qu'un jour où l'autre, Tellier nous sortirait un chef-d'oeuvre absolu en français. Je ne sais pas si on y est encore, mais on s'en rapproche drôlement. C'est très beau.
  Et ce qui est fou c'est qu'il a encore une marge de progression énorme. Je lui souhaite une longue, heureuse et inspirante vie, j'ai hâte de vieillir et de me laisser surprendre par ses excellents disques au cours des années. L'homme ne sait pas se répéter, dans quelques  années voire décennies, il pourrait être rendu n'importe où musicalement, c'est terriblement excitant. En tous cas, c'est plié, je vais sûrement aller le voir en live en octobre.
  Probablement le disque qui m'aura le plus ému depuis le début de cette année.  
Morceau du mois :
The Black Keys - Weight Of Love

Alex : Ce magnifique morceau, rock bluesy, pop et chant soul à la fois, avec ses arrangements somptueux et sa ligne de basse groovy, a tout pour nous emporter loin, très loin. Et il le fait avec brio. Magique de bout en bout.
Etienne : Qui a dit que le dernier Black Keys était à chier ? Foutaises de vieux snobs qui n'aiment pas les virages pop ! Ce morceau, juste mélancolique comme il faut, n'ayant pas peur des guitares qui pleurent, est finalement à l'image de l'album, entre ce rock si reconnaissable et une pop mélodique. 



Morceaux :


  • Hiphop/Rnb : 
Mr Flash (feat Cities Aviv, Oh No & Action Bronson)- Number One
Alex : Le compositeur/producteur/DJ français revient (enfin!) avec son 1er LP. Et le moins qu'on puisse dire c'est que la (longue) attente valait le coup. Ce morceau par exemple, est imparable. Tout simplement irrésistible, accessible et novateur en même temps, à la lisière de différents genres. Impressionnant.
Etienne : 8 O

Vic Mensa - Down On My Luck 
Etienne : Du Hip Hop aspergé d'une sauce allant entre le R'n'B et l'électro anglaise. Le rappeur de Chicago nous concocte ainsi un superbe morceau qui fera trémousser bien plus d'un popotin.

Sampha - Slow Lights
Alex : De l'excellent rnb instrumental qui se balade entre les eighties et maintenant avec fraicheur, émotion et talent. Reposant et inspirant à la fois.

How To Dress Well - Repeat Pleasure
Alex : Du rnb blanc à tendance pop, totalement en place et magnifique de bout en bout. De la voix à la prod, c'est impressionnant de sensibilité et de maîtrise.

Chance The Rapper & Social Experiment - I Am Very Very Lonely
Alex : Hallucinant morceau de rnb bourré et nocturne. Ca chante à la limite du faux, la musique est à la limite de ne plus être en place, mais à chaque fois que le château de cartes est à deux doigts de tomber, il se redresse à la dernière seconde. Ca ne ressemble à rien de ce que vous connaissez, et c'est à écouter absolument.

Jurassic 5 - The Way We Do It
Alex : Sur un sample de White Stripes, et accompagné d'un clip qui sent bon la fondue savoyarde, les J5 sont de retour, avec la pêche, et ça fait plaisir. Old school et frais à la fois.

Ariana Grande & Iggy Azalea - Problem
Alex : Mon gros plaisir (sans doute) coupable, mais totalement assumé, du mois. Du rnb bien maintream, bien commercial comme il faut (la voix rappelle cette morue de Mariah Carey), mais suffisamment intelligemment fait pour me plaire. Déjà il y a un autre de mes gros plaisirs coupables dessus : Iggy Azalea, dont je reparlerai plus bas. Et puis ce sample de saxo, ces chœurs presque cabaret, des synthés dégoulinants, ce chuchotement au refrain alors que ça devrait péter, cette morgue dans les paroles et l'interprétation d'Iggy, cette allusion à la (grande) chanson de Jay-Z.... Je ne peux pas résister, désolé les gars ! De toutes manières la rock credibility c'est pour les gens tristes, je n'ai qu'une vie moi. Et ça c'est ma dose de fun.


  • Rock :
The Soundcarriers - This Is Normal
Alex : Du rock psyché post-krautrock, qui va piocher dans toutes les musiques de quoi entretenir la transe, forcément ça ne peut être que jouissif. Rythmique kraut, éléments de musiques indienne, moyen-orientale, sud-américaine, basse hypnotique, tout concourt à faire de ce trip un morceau essentiel.
Etienne : Ils en font encore de la comme ça aujourd'hui ? Ok je prends sans hésiter ! Un trip épique entre orient et occident.

Jack White - High Ball Stepper
Alex : Depuis quelques temps, on entendait plus parler de Jack White pour les rééditions diverses de son label (voire des anecdotes people sans intérêt) que pour sa musique. On commençait à se lasser. Et voilà qu'il revient dans la lumière pour la sortie son 2nd album solo, le mois prochain. Voici un instrumental heavy qui sonne à la fois comme ce qu'on peut attendre de lui, et comme un truc totalement nouveau de sa part. Le moins qu'on puisse dire c'est que c'est réjouissant. A écouter aussi, la rageuse "Lazaretto" qui donne son nom à l'album.
Etienne : Le moins que l'on puisse dire c'est que ces deux preview son très réjouissantes qu'en à la qualité de cet album à venir. Encore un nouveau mois qui s'annonce de très bonne qualité musicale !

Alex : En quelques mots : punk approximatif extrêmement joussif.

Alex : Cette reprise est une excellente nouvelle. D'abord, les gars ont  le très bon goût de reprendre du Impala. Ensuite, Turner se prend de plus en plus pour Hawley. Ce qui re-prouvent qu'il a très bon goût. Enfin, il est incroyable quand il n'en fait pas des caisses, et je pense qu'il le sait. Il a donc toutes les clefs en main pour nous sortir un chef-d'oeuvre au prochain album. Vas-y champion, moi j'y crois.
Alex : Un (excellent) inédit des sessions de Reflektor, rock, sensuel et syncopé, joué en live. Ils en ont encore sous le pied, les saligauds !
  • Pop :
EDH - Shall We Go 
Etienne : Une bestialité synthétique se diluant dans des dissonances psychotiques, le tout joué par une femme bassiste, assouvissant ainsi un des plus grands fantasmes masculins.

Red Axes & Abrao - Papa Sooma
Alex : Electro-pop tropicaliste, voilà comment on pourrait être tentés de classer ce morceau. Mais ça serait tomber dans la facilité. Parmi tous les morceaux déroutants du mois, celui-ci est le plus émouvant. Simple, mais merveilleux. En plus, c'est en brésilien, on est dans l'air du temps non ?
Etienne : La sobriété instrumentale, le chant brésilien si efficace dans ce genre et la mélodie presque enfantine permettent de véhiculé une émotion touchante et mélancolique. Le duo israélien est signé sur le label de Cosmo Vitelli ( Bot'Ox ) I'm A Cliché.

Christopher Owens - Stephen
Alex : Le génial Owens, dont le talent ne s'est pas tari à la fin de Girls, nous offre une merveille de gospel pop, dans une tradition américaine qui rappelle plein de bons souvenirs. Et qui, je ne sais trop pourquoi, m'évoque Gram Parsons. Court, mais excellentissime !

Klaxons - There Is No Other Time (acoustic version)
Alex : Un de mes groupes fétiches s'apprête à sortir un album que j'attends avec un mélange d'impatience et de crainte (il s'annonce moins fracassant que ses prédécesseurs). Du coup, des moments comme ça, qui révèlent le talent brut du groupe dans sa forme la plus dépouillée, forcément ça rassure et ça fait plaisir.  

La Roux - Let Me Go Down Gently
Alex : La jeune prodige rousse du néo-eighties est de retour, avec un titre moins tapageur que ses précédents, mais tout aussi addictif (et kitsch). Et aussi un second cette fois ci plus  électrofunk / disco-pop, rentre-dedans et encore plus efficace, Uptight Downtown.

Mirah - Oxen Hope
Alex : Magnifique chanson pop tout à fait dans l'air du temps. Ca signifie percussions électroniques, chant entre voix pure façon rnb et modifiée façon post-James Blake. C'est très très joli. Et si vous avez apprécié, sachez que l'album est sorti ce mois-ci (le 13).

Sean Nicholas Savage - Naturally
Alex : Un autre album sorti le 13 mai : celui de Sean Nicholas Savage. Dans une ambiance nocturne, il livre une sorte de pop californienne cotonneuse et nocturne, avec des échos soul, et des influences d'un peu partout. Brillant.

The Antlers - Hotel
Alex : Une chanson hantée, profonde, possédant elle aussi un magnifique mood de fin de soirée.

Tala - Serbia
Alex : Très kitsch (les synthés eighties pouet pouet, les percus électrornb, les voix), mais cependant très joli. Un peu à la manière de Devonté Hynes (mais en un peu moins subtil et sensible). A écouter aussi, "The Duchess".

Monty Python - The Silly Walks Song
Alex : Une nouvelle chanson des  grands Monty Python sort ? Je me devais de vous le signaler. D'autant plus qu'elle est absolument irrésistible. Et ces paroles... Je vous laisse la découvrir. Have fun ! And always look on the bright side of life !

  • Electro :
Etienne : Sur un socle de Deep House mélancolique s'élance une chill rythmée et d'humeur voyageuse, dont l'origine anglaise ne fait aucun doute.

Etienne : Entre l'électro, par ses rythmes, le rock pour sa guitare et la pop pour son chant, ce très bon morceau nous vient de New York où il a été concocté par deux Canadiens. Et attention ils sont signés chez Domino Records ! C'est dire la qualité de ces gens.

Etienne : Le jeune génie de la techno anglaise est ici remixé par le Dj bulgare Kink, célèbre pour sa house music sonnant très Détroit, qui vient d’ailleurs de sortir un album ce mois-ci : Under Destruction. Ici les sonorités sont plus chill, mais la base est ultra techno. La petite galette est à sortir en ce 2 juin 2014.

Etienne : De la techno minimaliste qui vous envoi en orbite à plusieurs milliers d'années lumière. Vous ne savez alors plus si c'est vous qui êtes en rotation ou bien si c'est l'infini vous entourant. Une seule certitude ça tourne encore et encore. L'artiste, qu'on imagine roumain au vu de la nationalité de l'hébergement de son site internet, est signé sur le label qui semble être le sien, Eaux. Visuellement et par son nom il s'inspire de l'androgyne personnage de Marcel Duchamp Rrose Sélavy. 

Soul Button - Swift minds feat. Kara Square ( Whomi Remix ) 
Etienne : En avant première du prochain Ep "Swift Minds" du Dj et producteur berlinois Soul Button constitué de deux originaux et deux remix à sortir le 16 juin prochain sur le label berlinois Steyoyoke, voici l'un des deux remix de ce 4 titres signé par l'Italien Whomi. La deep house originelle y est alors boostée par une électronica ultra groovy servant de rampe de lancement dancefloor. L'autre remix est également disponible ici : Soul Button - 7th Heaven( Dahu Remix )

Martyn & Four Tet - Glassbeadgames
Alex : Un très joli voyage introspectif et minimaliste de 8 minutes à la fois hédoniste et mélancolique, parfait pour chiller.
Etienne : Four Tet nous présente un morceau électro typiquement anglais, ne négligeant ni les mélodie ni les mélodies chills, ni les rythmiques dub.

Cloud Control - Praise You (Reprise de Fatboy Slim)
Alex : Un morceau d'une telle qualité qu'il va vous mettre sur le cul. On brasse ici 55 ans de musiques électroniques avec une classe folle. Rien n'est en trop, aucun excès, la perfection en 5' chrono.
Etienne : Simple et efficace. Je vous laisse, je vais danser.

Nathan Fake - Vanish North
Alex : Et encore un morceau minimaliste, lancinant, nocturne et cotonneux. Profondément mélancolique, il a le potentiel de faire monter les larmes aux yeux des plus endurcis. 
Etienne : Sobre et précieux le morceau sonne comme un verre de cristal se ternissant, se rayant, se brisant, éclatant dans une montée techno. 

Seekae - Test & Recognise
Etienne : Magnifique single aux aires "Métronomiques" ( 1ère période ) tiré en avant première de leur troisième album, The Worry, disponible en juin et toujours signé sur le célèbre label de Sydney Future Classic ( prétentieux ? pas le moins du monde :p ) comptant parmi ses rang Jagwar Ma, Flume, Cashmere Cat, Chrome Sparks, ... 

Cubenx - First Wave Front
Etienne : Ce mois ci le mexicain à dévoilé 4 nouveaux titres enregistrés à Berlin et disponibles sur le très bon label parisien InFiné Music. Parmi ceux ci je vous conseils tout particulièrement ce morceau, mélangeant la chill aux rythmes dub, ouvrant ainsi les grands espaces à une l'électro rêveuse et spirituelle. 


  • Chanson Française :
Alex : Très bonne chanson post-européennes, anti-indifférence, dans laquelle on entend l'écho du Chant des Partisans, et beau boulot de Biolay qui aurait pu s'y casser la gueule mais s'en sort avec intelligence et talent, en renvoyant par le miroir de la chanson chacun de nous face à face avec son reflet.
  • Soul/ Disco / Funk :
Alex : Une arnaque, sans doute. Un fond de tiroir remixé par des producteurs actuels n'ayant aucune implication dans les chansons d'origines, avec des invités plus ou moins crédibles (quoique dans le cas de Timberlake, ça n'est pas le cas, il avait été approché par MJ pour collaborer). Cependant, et malgré tout cela, cette chanson est bonne. Que ce soit un miracle façon résurrection ou de la taxidermie, je n'en sais rien, et je m'en fiche. J'ai juste envie de claquer des doigts avec Michael et Justin quelques minutes de plus.
  • Reggae/ Dub :

DJ Vadim (feat Rio Hemopo / Sabira Jade) - Hope
Alex : Un magnifique instrumental dub à la fois roots et moderne, sur lequel viennent se poser deux voix angéliques. C'est très touchant, et on oublie très très vite le côté revival du projet devant les grandes qualités de la composition et de l'interprétation. Chapeau.   




Albums :

ON A ADORE :

The Black Keys - Turn Blue
Alex : Un très beau retour des Black Keys après un El Camino qui commençait sur les chapeaux de roues mais se révélait poussif, too much, et avec quelques longueurs (enfin, toutes proportions gardées, cela restait un bon album). Mais là, retour à une écriture et une production qui, si elles sont toujours aussi soignées, sont plus près de l'os. J'oserais même dire plus minimalistes. Grâce à des effluves issues de la musique de Morricone, de Franz Ferdinand, de Hendrix, de Creedence, de pop très orchestrée, de rock synthétique, de soul, voire de hiphop/rnb, les Keys renouvellent leur formule sans perdre de leur superbe, et de façon bien plus subtile que ce à quoi beaucoup s'attendaient. Un vrai grand album, impeccable du début à la fin, impressionnant, et courageux (il aurait été facile de creuser le sillon du précédent album et de faire le tour des stades du monde entier). Bref, il est impératif que vous l'écoutiez, vous risquez fort de tomber sous son charme, et cela serait dommage de passer à côté.




Ought - More Than Any Other Day
Alex : Leur post-punk est ultra-référencé, certes, (un amateur des Talking Heads reconnaîtra le pastiche vocal incroyable de Byrne), mais il est cependant composé avec tant de talent et exécuté avec tant de conviction qu'il en devient très rapidement irrésistible. Comme le Cloud Nothings, ça n'est pas du côté de l'originalité que cet album trouve son intérêt, mais du côté de son énergie incroyablement contagieuse. Excellent !
The Horrors - Luminous
Alex : Après un très bon Skying vaporeux, kraut et shoegaze, place à Luminous, qui porte bien son titre (et sa pochette). Plus synthétique, tournant sur des tempos alternant le planant et le presque dansant, ce disque est très impressionnant. Le parti pris électronique me décevait un peu a priori, moi qui aime les guitares rageuses de Primary Colours, mais force est de constater que le rendu est incroyablement beau et assez inattaquable. Les Horrors continuent de chercher, et surtout de trouver, et cela me remplit de joie. Ce disque est magnifique et chaudement recommandé par votre serviteur.



The Sunshine Underground - The Sunshine Underground
Alex : Je craignais un disque de synthpop dispensable, j'avais tort. Mea Culpa. Certes, ce disque est plus électronique, mais il est d'une qualité et d'un éclectisme qui sont remarquables. Ce n'est certes plus le rock synthétique de l'excellent Raise The Alarm de 2006, que je chérissais au collège-lycée, mais même si la guitare rock s'est barrée, le groupe a gardé toute mon estime. Très bonne collection de chanson, qui souffre d'assez peu de temps faibles, et de pas mal de moments de bravoure. Une bien jolie reconversion, encore (c'est le mois qui veut ça ? La dernière mue avant l'été ?).
Brian Eno & Karl Hyde - Someday World
Alex : Cet album est issu d'embryons de chanson qu'Eno n'arrivait pas à finir seul, et pour lequel il a convié tout un tas de musiciens qu'il aime et respecte, au premier rang desquels Karl Hyde. Et ça rend quoi ? Eh bien ça rend comme un album d'Eno : accessible, cultivé, intelligent, beau, fun, et éclectique à la fois. Toutes les chansons ne sont pas des tubes en puissance, mais l'album est remarquable, et m'a très agréablement surpris par sa qualité et sa fraicheur. A noter, Eno et Hyde les hyperactifs sortent la suite le 1er juillet, toujours sur Warp, sous le titre High Life. Un premier titre afro-funk-rock, "DBF", est déjà sorti.
Alex : Je n'ai pas fini de faire le tour de ce disque imposant, et j'ai du mal à en parler plus en longueur, ne l'ayant pas bien encore bien "digéré". En tous cas, ce long trip de presque 2h, à la fois suffocant et défouloir, ne laisse pas indifférent et n'a pas fini de faire parler de lui.
 
Alex : Punk, ils le sont toujours. Mais pas que. Il y a là du post-punk dérangé, du punk joué pop façon Ramones, des envies de garage. Dans une certaine lignée pop-punk déconneuse, façon Hives ou Black Lips, avec des moments de folie quelque part entre Talking Heads et Ty Segall selon les instants. Un vrai bon disque de rock avec toute la fraîcheur, la morgue, l'énergie, et l'approximation que ça suppose. Jouissif !
Alex : Un album lumineux, mélodique et rock à la fois, passionnant de bout en bout. Une œuvre mature et impressionnante. Je ne m'attendais pas à être aussi conquis. Franchement, foncez, c'est de la bonne !
The Fresh & Onlys - House Of Spirits
Alex : En plus de la pop indé anglaise des 80's déjà présente sur le classieux Long Slow Dance, le groupe incorpore des éléments plus américains et nineties dans les rythmiques, une production toute en échos, très new wave à la The Cure, et des guitares entre shoegaze britannique et rock indé noisy américain. L'envie, les mélodies, les compositions et la fraîcheur sont toujours là, et les références ne sont jamais trop plombantes tant le groupe (et notamment le leader) ont une personnalité charismatique. Très bon disque pop, presque à la hauteur du précédent, et sachant s'en démarquer.

Alex : De gros plaisir coupable (même si je le répète pour moi le bon goût façon puriste est exclu, je n'ai qu'une vie et je tiens à en profiter !), les chansons d'Iggy Azalea sont devenus de vrais plaisirs. Bien moins cliché que ce à quoi je m'attendais, elle arrive à sortir un hiphop s'acoquinant avec de la pop électronique répondant à l'intégralité du cahier des charges du mainstream radiophonique, et à en faire quelque chose de vraiment bon. Certes, ça ne marche pas à tous les coups, presque un tiers de l'album est très dispensable. Mais le reste, je le prends et sans hésitations.

Guided By Voices - Cool Planet
Alex : Un disque de rock indé US assez brut sur la forme, qui rappelle avant tout les premiers Flaming Lips, et cette tradition de timbrés américains pondant des chansons géniales mais abrasives ou difficiles d'accès pour le grand public (Frank Black, Daniel Johnston). Les chansons qui sont énergique, entre punk, rock indé et power pop, et produites à l'arrache (on a l'impression d'un groupe pas toujours au complet réuni à l'arrache dans une cabane en bois dans une région aride, sur le bord de la route, en train d'enregistrer en vitesse des démos pendant que le tour bus fait le plein à la station service d'à côté), mais avec un son qui reste assez clair, ce qui permet de garder leur charme, et de les rendre plus accessible à la fois. Ce disque très honnête, qui ne triche pas, en vraiment un bon. Jetez-y une oreille ou deux ! 
Alex : Le génie absolu de la dub, inspiré par ses travaux de jeunesse, essaie de revenir à ses premières amours, et diable ! que cela fonctionne bien. Cet album est un délice de par en part. Il ne sonne pas exactement comme ses débuts, et d'ailleurs je ne pense pas que ça ait été le but exact, mais il parvient très régulièrement à en retrouver l'immédiateté et l'intensité, avec un son plus moderne. Magique !

Etienne : Album de punk anglais sortant sur le label bostonien, Topshelf Records et sur le label anglais ( Brighton ) Dog Knights Productions. Les guitares y sont mélodiques et incisives, le chant, ou plutôt le cris est râpeux et approximatif, qu'importe ce qui compte c'est l'énergie !

Etienne : A Vienne ( en Autriche hein ! ) il se fait de l'électro tintée de disco et de rock et sérieusement je ne sais pas comment faire pour ne pas résister à ce génial mélange ! Ils arrivent à trouver l'équilibre entre une rythmique dynamique, des synthés mystérieux, une voix sobre et quelques guitares parsemées pour relancer la machine à point. Ca c'est chez le label viennois Luv Shack Records et dans le format roi de la house : l'EP bien sûr.
Etienne : Le Dj et producteur brésilien basé à Berlin nous gratifie de ce très bon EP qui sort lui aussi, en ce moi de mai, sur le génial label Luv Shack Records. On y évolue dans un monde piochant dans la house de Chicago et l'Italo disco pour un rendu très dansant. Ca vaut le détour !

Etienne : Le groupe constitué autours du producteur Arnaud Robotini sort en cette fin de mois de mai un nouvel EP. Arnaud Robotini y gratifie de l'électro rock avec sa voix de crooner rockabiliy, assortie à son look. L'ambiance est moite et masculine, comme un "western moderne" pour reprendre ses mots. Ce n'est d'ailleurs pas pour rien que Quentin Tarantino a repris son I'm A Man, de leur album de 2007, pour la bande d'annonce de Django Unchained et que l'on peut aussi l'entendre dans la publicité du parfum Eau Sauvage de Dior sur un extrait du film "La Piscine" de Jacques Deray avec Alain Delon. Finalement l'EP est peut être un peu court pour montrer toutes les qualités de la musique.


Ben Frost - A U R O R A
Alex : Un disque tout en beats concassés, nappes de synthé eighties comme mal transmises (écho, réverb et saturation en plus), boucles et percussions entêtantes. Je regrette la production parfois un peu too much à mon goût. Disons paradoxalement pas assez uniformément sale. Ca me gâche l'album sur la longueur, mais ce disque reste un sacré trip. A faire évidemment.

Gérard Manset - Un oiseau s'est posé
Alex : Bon, déjà je suis un peu déçu de ne pas avoir de nouvel album studio. En plus, ces versions réenregistrées de chansons de Manset ne font pas beaucoup avancer le schmilblick, certes les boîtes à rythmes ont été remplacées par de vraies batteries à l'occasion, mais la prod n'est pas encore sans faute de goûts. Et à vrai dire, ses chansons des années 80, malgré leur son bien de l'époque, ont gardé du charme aussi pour cette raison. Mais je ne vais pas chipoter, d'abord parce que les versions présentées ici sont bonnes, les invités occasionnels bien choisis, et le choix des titres malin. A ce sujet, je suis particulièrement heureux de voir des chansons de Manset jamais ou quasi jamais rééditées en vinyle ou en cd depuis leur sortie originelle. Son point de vue sur ses premiers chefs-d'œuvre aurait-il changé ? Les rééditions classieuses de ces merveilles vont elle pleuvoir ? Et puis surtout, gros point positif, le Maître va bien et semble en forme. Ce qui me réjouit plus que tout. Bref, un cd en forme de rétrospective, pour les fans avant tout, mais qui reste intéressant en tant que tel.
Alex : Si vous voulez danser sur de la bonne musique, voici un album d'électro-disco-afro-funk très recommandé. C'est très cool et varié (on y entend des rythmes et cuivres latins, des beats électro, de la guitare et des rythmes afrobeat, de la wah wah funky, des synthés de toutes les époques... Que demander de plus ?  

Fire!Orchestra - Enter
Alex : Du free-jazz décomplexé, fun et énergique, ça vous tente ? Moi oui, et plutôt deux fois qu'une. Ce disque est parfait dans le genre. On se croirait dans un club de la côté Est, avec une diva soul susurrant ses voix, et un band rompu au jazz, au funk et à l'afrobeat le plus exigeants derrière. En deux mots : trop cool.
Curtis Harding - Soul Power
Alex : Entre soul, funk, et (boogie-)rock bluesy, ce petit prodige à la voix incroyable fait feu de tout bois pour nous entraîner avec lui dans son exploration de soixante ans de musiques black & white, mixées dans sa tête et revues façon 2014. Admirable !
Alex : Enregistré chez Jack White directement sur vinyle, comme dans les années 30 et 40, il est constitué uniquement de reprises de chansons chéries par Young. Un disque éminemment honnête, touchant. Une très bonne surprise, et un joli cadeau pour les fans et les autres. Pour ceux qui sont habitués à écouter de vieux blues, ça ne posera pas de problème, mais les autres auront peut-être un peu de mal avec le son au départ. Si c'est le cas, accrochez-vous, ça en vaut la peine, et ça vous ouvrira la porte du royaume des merveilles pour apprécier à leur juste valeur (tout tout tout en haut donc) Robert Johnson, Leadbelly, Son House...

ON A APPRECIE :
Coldplay - Ghost Stories

Alex : Que donne ce nouveau Coldplay ? C'est d'abord une bonne nouvelle, car le groupe revient à plus de simplicité et moins de blingbling et de fluo, après les excès de Mylo Xyloto. Il est assez posé, mélancolique, souvent touchant. Bon, il faut le reconnaître, il reste loin d'être indispensable, et il y a de la grosse bouse dessus (le morceau produit par Avicii.... Prévisible en même temps). Mais à part ces quelques rechutes mineures, le groupe semble sur le bon chemin pour à la fois évoluer artistiquement et ne plus se compromettre comme par le passé. Un album très sympathique et plus intègre que le précédent, qui redonne espoir dans l'avenir de la bande de Chris Martin.  

The Acid - Liminal
Alex : Un disque électro toxique, entre synthpunk opressant, et lenteur presque ambient, pour un mélange plus que fascinant. C'est dommage que le groupe ne reste pas dans cette veine claustrophobe sur tout le disque, les moments plus apaisés et les passages pop-folk ou pop indé sont nettement moins convainquant. On veut du malsain, plus de malsain !
Alex : Ah le voilà enfin le Nick Mulvey. Mais que vaut-il alors ? Eh bien c'est un bon album de folk-pop rêveur, qui emportera le plus difficile d'entre vous par sa diversité, malgré quelques rares longueurs (des passages un peu convenus). Joli, et vraiment varié pour un album de folk.

Alex : Ce disque est truffé d'électronique déviante et psychotique, totalement jouissive pour un type comme moi qui écoutait Crystal Castles au lycée.

Alex : La chanteuse nous sort un bon album de pop indé, à la production parfois grandiloquente, mais à l'interprétation subtile et aux mélodies irrésistibles. En revanche, certains morceaux plus faibles gâchent un peu notre plaisir en cours de disque. Mais rien de grave, le niveau du disque est globalement bon, on passe un agréable moment.  
Alex : Bon, avec Rick Ross on sait qu'on ne va pas faire dans la subtilité. Pourtant, sa grosse voix grave de Barry White gangsta du hiphop me le rend fort sympathique. Un peu comme un gros nounours. Et dans l'ensemble, ce disque est vraiment bon, car Ross a fait le bon choix : sa voix ne s'épanouit pleinement que sur des instrumentaux soulful, moins que sur du gros son trap de gangsta. De gros hits, de bons featurings, peu de mauvais moments et de mauvais guests (genre Lil Wayne...)... Bilan : Rick Ross s'en sort très bien. C'est très agréable que cette voix habituée aux featurings ait un écrin à elle, et digne d'elle.

Alex : Le projet du fils Jeffes continue sur la lignée du Penguin Cafe Orchestra de son père à nous proposer des instrumentaux ravissants, à la fois pop, jazzy, folk dans le sens folklorique (musiques celtes...), pour un rendu souvent digne de grandes BO. Ravissant, c'est le mot ! Printanier aussi.


Etienne : Voilà un sombre EP tout droit venu de Rotterdam, sur la label Late Light Running, basé dans la même ville. Le début d'album nous emmène sur la voie de la techno aux sonorité de Détroit, pour se mouvoir progressivement en de la Deep-House Berlinoise, lieu où le duo a d'ailleurs conçu ce 5 titres. Mais même combat, cette électro glaciale et mécanique nous reste en travers de la poitrine avec ses basses surdimensionnées.  La fin d'album, plus ouvert tant musicalement que dans les sonorités, est en fait constitué de remix du premier morceau, X9. Je pense cependant que le dernier remix est plus dispensable en comparaison du reste de l'EP.

ON A MOINS AIME :

Alex : Au niveau musical, on peut décrire ce disque comme du rock indé très marqué par la folk. Disons que ça peut faire penser à REM mais sans le côté chiant. C'est bon objectivement, à l'écoute, mais j'ai vraiment du mal à me faire embraquer par cet album. Tant pis, on ne peut pas tout aimer.
Alex : Malgré toutes ces qualités et toute la sympathie qu'il m'inspire, le prodige du violon qui a énormément contribué à la musique d'Of Montréal m'impressionne nettement moins en solo, que ce soit en live ou sur disque. C'est frais, sympa, mais c'est tout. Enfin, c'est déjà pas mal, tout compte fait.
Alex : Une relecture en forme d'hommage de classiques de Lou Reed. Les reprises sont réussies, je salue le travail, même si il peine à me toucher. La production et l'interprétation sonnent trop "pop US basique qui en fait des caisses", à base d'échos, de chant doublé, de pianos chialeurs. Mais c'est uniquement par goût personnel.

Clap Your Hands Say Yeah - Only Run
Alex : Pas tip top car assez cliché dans le genre synthpop. Dommage, car l'ensemble est vraiment plaisant à écouter, mais trop inégal et déjà entendu.
Alex : J'ai décidemment du mal avec les collaborations entre ceux-là. C'est parfois très bon, souvent sympa, mais régulièrement dispensable et facile quand même. En tous les cas, j'ai du mal à tenir tout l'EP avec le même intérêt. Surtout quand ça vire dance quasi-commerciale. Certes, ils sont doués, mais c'est dommage de ne pas faire plus subtil que ça. Pas convaincu.
2Chainz-FreeBase
Alex : Mixtape sympathique, mais beaucoup trop cliché pour vraiment marquer. Disons, sympa sans plus. En même temps c'était prévisible, son auteur est plus qu'irrégulier en termes de qualité.


Et vous, qu'avez-vous écouté ce mois-ci ?

N'hésitez pas à nous donner des noms, ils seront peut-être dans le rattrapage du mois prochain.  



Etienne & Alexandre

mardi 27 mai 2014

Benjamin Biolay - Le Vol Noir (chanson, 2014)

Je vais faire dans l'actualité brûlante. Et ce pour deux raisons.
1) Cette chanson est sortie il y a 3h à peine.
2) Son sujet ? Vous en aurez une idée si vous avez regardé les infos dimanche soir, ou depuis. Pour  être plus clair, voici un extrait choisi assez éloquent :
"A vous chers disparus, ce soir, oh si vous aviez vu / Ce vieux pays des Lumières choir et tomber sur le cul"
Il faut savoir aussi que Biolay se réfère évidemment au texte du Chant des Partisans, que vous devez, je suppose, tous connaître.
Nous ne faisons pas de politique ici, mais il y a des choses qui ne passent pas. Nous encourageons simplement chacun à bien réfléchir à ses choix ou non-choix. C'est tout. Qu'une chanson puisse être prétexte à réflexion, ça ne peut être qu'une bonne chose.
Mais pourquoi faut-il écouter cette chanson ?
Déjà parce que c'est bien fait (c'est Biolay quoi). Ensuite, parce que Biolay est plus malin que beaucoup, et qu'il cible non pas les haineux eux-mêmes qui au final ne sont  (je le crois sans doute un peu naïvement) pas légion, mais  le vrai cœur du problème. C'est à dire l'indifférence. Celle qui permet à ces haineux d'avoir un écho, de prospérer, d'accéder au pouvoir. Celle qui nous amène à des catastrophes. Celle qui détruit, qui blesse, qui tue.  Celle des gens bien évidemment, mais aussi celle des responsables politiques qui ont causé le ras-le-bol des citoyens.
Alors encore une fois, on peut dire ce qu'on veut sur le morceau, mais qu'une chanson puisse être prétexte à réfléchir sur nous-mêmes, qu'elle puisse nous renvoyer tous dos au mur, citoyens comme responsables politiques, face à nous-même, et nous force à regarder ce qu'on voit dans le miroir....
Je trouve ça bien. Sain. Vital même.
Mais je dois être naïf.
Alexandre


vendredi 23 mai 2014

Eno Moebius Roedelius - After The Heat ( 1978 )

     De base je ne suis pas un fan de Brian Eno, sa période Roxy Music est sympathique mais ne m'enthousiasme pas outre mesure, je n'ai jamais accroché à sa musique ambient, et ses dernières productions chez Coldplay et U2 sont à s'arracher les cheveux ( d'ailleurs il n'a pas attendu pour le faire lui même !). Mais c'était sans compter sur la discographie d'une variété et d'une singularité hors norme de l'anglais. Il aura donc fallu une ouverture sur mon pêcher mignon, le krautrock, pour que l'artiste me cueille dans son panier bien garni de ses amateurs. J'ai d'ailleurs trouvé une place de choix, quoi qu'un peu enfumée, entre les deux membres d'MGMT et d'Alexandre.



     L'origine de cet album date de 1977, fruit d'une collaboration entre Brian Eno, ayant quitté Roxy Music bien avant, en 1973, et gravitant alors ( comme tout le reste de sa carrière ) entre pop et musique expérimentale, et le duo du groupe de krautrock allemand Cluster, Hans-Joachim Roedelius et Dieter Moebius ( avec leur prénom vous ne douterez plus de leur origine ! ). Ils font en trois semaines une série d'enregistrements dans le studio allemand du producteur autrichien Conny Plank, grand personnage de la musique Krautrock et New Wave, ayant travaillé avec kraftwerk, Neu!, Can, Ultravox, DEVO, Echo And The Bunnymen, Nina Hagen, Killing Joke ou même Les Rita Mitsouko et Scorpions. Ils en sortent alors deux albums sur le label Sky Records, l'un sobrement appelé Clester&Eno en 1977 et l'autre After the Heat en 1978. Le premier uniquement instrumental, plus expérimental, ambiant et froid, le deuxième plus mélodique, avec des instruments plus traditionnels et avec la voix de Eno sur les trois derniers titres.

Conny Plank
Eno, Moebius & Roedelius
     Je vous parle donc du deuxième et meilleur à mon sens, même si le premier est vraiment excellent. Il s'y mélange alors dans une harmonie parfaite l'univers des 3 personnes, certains morceaux sont plus Eno, avec des mélodies plus pop et ces bidouillages de sons bizarroïdes, d'autres plus Cluster, minimalistes et électroniques. C'est une osmose de psychédélisme 70's et de synthés 80's, un pont entre le krautrock et la New Wave. Serte ces synthés sonnent vieux, mais on l'oublie dans la profondeur de l'ébauche de musique ambient, inspirant la plénitude.
     Finalement, si cet album a su me convaincre moi et beaucoup de personnes, c'est peut être qu'il a enfin réussi à trouver l'équilibre entre la pop et la musique expérimentale, à rendre accessible l'inaccessible, palpable l'impalpable, rythmé le paisible, simple le subtile.

Les liens :
Eno  Moebius  Roedelius - After The Heat ( Deezer )
Eno  Moebius  Roedelius - After The Heat ( Spotify )

Etienne

samedi 17 mai 2014

Tomás Luis de Victoria - Officim Defunctorum ( XVIIème siècle ) par le Collegium Vocale Gent sous la direction de Philippe Herreweghe ( 2012 )

     C'est dans un style exigent et que je ne maîtrise pas, mais dont je vais essayer de vous parler aujourd'hui. Nous innovons donc dans un nouveau genre sur ce blog avec de la musique classique. C'est plus précisément dans la musique sacrée espagnole du tout début du XVIIème siècle dont il est question, avec un de ses plus illustres compositeurs : Tomás Luis de Victoria.



     Né à Avila en 1548, il est élève de compositeurs tels que Ribera et Navarro dans son enfance et est envoyé par ses précepteurs jésuites dans leur couvant, Collegium Germanicum, à Rome où il devient compositeur, organiste, maître de chœur et prêtre. Il publie ainsi ses premières compositions à la fin du XVIIème, qui se diffusent dans toute l'Europe et y acquière ainsi une grande renommé. 
     Après 20 ans d'expatriation, il revient en Espagne, à Madrid, où il devient chapelain et musicien personnel de l'impératrice Marie, veuve de Maximilien II empereur du saint empire romain et sœur de Philippe II. C'est à la mort de l'impératrice en 1603, qu'il composa ce requiem et le publia en 1605, même si il ne fut pas joué lors de ses funérailles. L'oeuvre majeur de Victoria marque ainsi sa dernière composition jusqu'à sa mort en 1611, nourrissant là encore la réputation de clef de voûte dans une carrière de compositeur du requiem.

Tomás Luis de Victoria
     La musique est ici uniquement vocale et se divise une première partie constituée du requiem et d'une deuxième où a été ajouté des motets. Le résultat est d'une beauté pure et sacrée, l'ambiance y est solennelle mais non tragique, l'émotion est vraie. La souplesse, la simplicité et la finesse de l'interprétation défit ici toute caricature et sublime la composition de l'artiste comme les intentions du requiem. 
Cet oeuvre constitue ainsi une charnière entre la musique renaissance, grâce à ses mélodies, ses harmonies, ou le style grégorien et le baroque dans ses variations d’intensité, ses polyphonies et ses contrastes. 
Voici donc une musique qui repose corps et âme.


Philippe Herreweghe
Tomás Luis de Victoria - Officim Defunctorum ( Deezer )

Etienne